Editorial
Deux résolutions de Congrès
La rubrique sciences, en page 33 et 34 est signée de Michel Grossmann, un grand scientifique, spécialiste de l’optique, qui nous a quittés en mars de cette année à l’âge de 85 ans. Savant, Syndicaliste et Libre Penseur, sa vie et son œuvre méritent un hommage qui paraîtra dans un prochain numéro de La Raison. Nous publions ici son illustration claire et limpide de ce que l’on peut attendre d’un télescope satellisé comme le James Webb qui succède à Hubble avec des capacités décuplées. C’est un de ses derniers écrits.
Nous publions deux résolutions du Congrès national de la Libre Pensée qui s’est tenu à Paris l’avant-dernière semaine du mois d’Aout : la Résolution laïcité et la Résolution internationale. Adoptées l’une et l’autre à la quasi-unanimité (une abstention sur la Résolution laïque), elles précisent la manière dont la Fédération Nationale va poursuivre son action d’ici le prochain congrès.
Dans la résolution laïque nous revenons sur une question de plus en plus importante, la distinction entre laïcité et sécularisation. Le pays, la population entière se sécularisent. Cela signifie tout simplement que l’attachement aux religions et à leurs préceptes ne cessent de décroître. C’est un fait, un fait social. Ce n’est pas qu’il soit indépendant de la laïcité : la laïcité permet la sécularisation sans entraves de la part du pouvoir et la sécularisation accroît le sentiment laïque par volonté de se voir permettre la liberté de penser. La laïcité, nous l’avons dit et répété, est à la fois un principe juridique et un cadre législatif. C’est, selon le mot de Victor Hugo, l’État chez-lui, l’Église chez-elle. La laïcité permet la sécularisation, mais ne l’impose pas. Au contraire, l’article premier de la loi de 1905 garantit la liberté de conscience et celle des cultes. Les cultes, eux, s’organisent librement. La loi de 1905, cadre juridique de notre laïcité, est une loi de liberté. Elle permet de croire ou de ne pas croire, de croire sous la forme que l’on veut sauf atteinte à l’ordre public et de ne pas croire dans la nuance que l’on souhaite (athéisme, agnosticisme, indifférence).
Malheureusement notre résolution constate que la confusion entre laïcité et Sécularisation s’accroît. Il faut rappeler que ce n’est pas la société qui doit être laïque, mais l’État. Quant à ceux qui voudraient voir l’inscription de la « tradition judéo-chrétienne » ils sont à la fois anti-laïques et hostiles à la sécularisation.
Les victoires juridiques de la Libre Pensée contre les tentatives de rechristianiser l’espace public prouvent à la fois la détermination des libres penseurs et la solidité du cadre institutionnel de la loi de 1905. La plupart des tribunaux ont jugé conformément à l’article 28 de la loi, interdisant toute nouvelle apposition de symboles religieux dans l’espace public. Notons que loin d’attaquer les tribunaux, les extrémistes catholiques s’en prennent à la Libre Pensée accusée, modernisme oblige, de « cancel culture » et de « wokisme » comme si nous voulions détruire tout le patrimoine culturel d’inspiration religieuse antérieur à 1905. Il nous a fallu rappeler, et rappeler encore, que ce n’est absolument pas le cas. Soulignons aussi que, menacées par des bandes factieuses, nos actions ont abouti dans un contexte étatique peu favorable.
Au plan de l’international, notre résolution fait le bilan du succès de la Conférence Internationale des 7 et 8 avril pour la Séparation des Églises et religions et des États. Dans ce cadre, outre la qualité des interventions, orientées vers l’action vers la Séparation dans toutes les nations représentées, la ré-érection du fac-simile de la statue originelle du Chevalier de La Barre a fortement marqué les esprits. Ce fut le symbole du combat pour la liberté absolue de conscience et le lien avec Montmartre et la Commune de Paris, matérialisé par une magnifique banderole a fortement frappé nos camarades et amis étrangers. La résolution se conclut par deux perspectives enthousiasmantes : la tenue courant 2024 du Congrès de Fondation de la Confédération laïque pour la défense de la Liberté de Penser, et la tenue à Lyon en 2025 du 9ème congrès de l’Association Internationale de la Libre Pensée autour de la question centrale de la lutte pour que la Justice soit rendue aux millions de victimes des crimes des Églises.
Bonne lecture !
Jean-Sébastien Pierre, Président de la Libre Pensée
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