Une chanson pacifiste du XIXe siècle :
Dans un village minuit sonne
Un forgeron frappe le fer
Auprès du brasier qui rayonne
Son marteau s’élève dans l’air
Il retombe et sa main velue
S’accompagne d’une chanson
En forgeant un soc de charrue
Pour une prochaine moisson
« C’est pour la paix dit-il que je travaille
Loin des canons je vis en liberté
Je façonne l’acier qui sert à la semaille
Et ne forge du fer que pour l’humanité . »
Soudain, par la porte qui s’ouvre
Entre une femme au teint bronzé,
Sous le long manteau qui la couvre
Elle tient un glaive brisé.
Sa poitrine est toute sanglante,
Et l’homme en fronçant le sourcil,
Lui demande avec épouvante :
Femme, que viens-tu faire ici ?
C’est pour la paix etc.
Moi, répond alors l’étrangère,
Dans les sillons, je mets du sang,
Reconnais moi je suis la guerre
Et forge mon sabre à l’instant.
Le forgeron saisit la lame,
Mais la broyant sous ses outils,
Il lui dit : sois maudite, ô femme,
Toi qui m’as pris un jour mon fils.
C’est pour la paix que mon marteau travaille,
Loin des canons je vis en liberté
À jamais soient maudits les engins de bataille,
Je ne forge du fer que pour l’humanité.