par Jamal Chouaib, Présidente de TWT
Les écoles dont s’occupe TWT à Saida (Sidon) accueillent des centaines d’enfants dont plus de 50 % sont des réfugiés (Libanais, Palestiniens, Syriens)
Les conséquences de la guerre actuelle menée par Israël contre la bande de Gaza inquiètent fortement les Libanais en raison du risque de dérapage sur leur sol. Le Hezbollah affiche un soutien au Hamas depuis des années et s’est lancé, à ce titre, dans une guerre à bas bruit contre Israël le long de la frontière entre les deux pays. Déjà au moins 70 000 Libanais qui habitent cette zone ont fui les combats qui ont fait ce jour 19 victimes civiles et 91 combattants du Hezbollah. L’inquiétude croit tous les jours un peu plus, car les bombardements israéliens qui se limitaient à une bande de 5 kilomètres de profondeur ont atteint récemment la ville de Nabatieh, au-delà donc de cette bande faisant craindre une aggravation de la situation. Si le Hezbollah, pas plus que l’Iran ne souhaitent déclencher la guerre contre Israël, les Libanais vu leur expérience avec la violence israélienne, 1968, 1978, 1982, 2006… ont peur que les Israéliens profitent de l’occasion et de la présence de toute l’armada américaine pour étendre le conflit au Liban. Plus que cela, ils craignent qu’Israël saisisse l’occasion pour se lancer dans une destruction des infrastructures du Hezbollah dans un premier temps et ensuite qu’il étend les opérations au reste du pays. Le souvenir des opérations de l’armée israélienne en 1982 puis en 2006 est encore vif dans les mémoires.
La population libanaise, en particulier celle qui vit dans le sud du pays, est épuisée, exsangue en raison de la grave crise politique, économique, financière, sociale et sécuritaire que connait le pays depuis 2019. Le spectre d’une nouvelle guerre les terrifie, car le pays n’est plus gouverné : le poste de président de la République est vacant depuis plus d’un an, le gouvernement expédie les affaires courantes et plus inquiétant encore le poste de chef de l’armée sera vacant à la fin de l’année. Le blocage politique est tel que les perspectives que le parlement se réunisse pour élire un nouveau président est faible et il en est de même pour nommer un nouveau responsable de l’armée.
Si un nouveau conflit devait se dérouler sur le territoire libanais, les conséquences seraient dramatiques pour la population, car à la différence de ce qui s’était passé en 2006, le marasme économique est tel qu’un rebondissement pour la reconstruction est quasi impossible.
Saida, le 24/11/2023