Dans un ouvrage qui se veut « de repentir », Amine El Khatmi, ex-Président du Printemps républicain règle ses comptes avec ses anciens amis macronistes, mais pas trop, on sent qu’il a quelques fils à la patte et que s’il allait trop loin, certains se feraient une joie d’ouvrir des dossiers sans doute quelque peu compromettants pour lui.
Il intitule son livre « Cynisme, dérives et trahisons », sans se rendre compte que tous ces qualificatifs peuvent et doivent s’appliquer à ce qu’il est au fond. Il y a comme une névrose dans la démarche. À trop fréquenter Emmanuel Macron, il n’a sans doute pas compris que Jupiter rend fous ceux qu’il veut perdre.
Cela commence par une dédicace à Kfir et Ariel Bibas« kidnappés par le Hamas le 7 octobre 2023. Le ton est donné : Vive Israël et à bas les Palestiniens ! Visiblement les 7 000 enfants Palestiniens assassinés à Gaza par ses nouveaux amis ne semblent pas troubler son sommeil. Et puis, il aime le militaire visiblement, il est à fond pour le port de l’uniforme à l’École.
Il a pensé sérieusement un moment à être candidat à la Présidentielle, et sans doute à être Ministre. Il est vrai qu’il n’aurait pas dépareillé dans le récent gouvernement Macron/Attal qui rappelle irrésistiblement le Ministère Clémenceau « Bleu Horizon » : tous pareils, tous des clones. Les renégats et les traitres ne sont pas ceux qui manquent en Macronie, il y a même un trop plein.
Tout d’abord, parlons du style du livre : écrit avec un balai-brosse dans un seau d’encre haineuse, agressif, violent. Ainsi, quand il parle de Bruno Roger-Petit, Conseiller du Président de la République, il ajoute – avec élégance – qu’il mérite bien son patronyme de « Petit ». Le style, c’est l’homme. Quant à Gabriel Attal : « Aucune fulgurance de ses analyses politiques, pas de chaleur humaine ni de sympathie ». Quant à Stanislas Guérini : « aucun charisme ». Olivier Faure est un lâche et qui n’est préoccupé que par ses calculs électoraux.
Emmanuel Macron en prend aussi pour son grade et est habillé pour l’hiver : « ni humble, ni lucide, jamais élu nulle part, aucune tradition, venu d’aucun territoire, hors sol, sans ancrage et sans véritables convictions ». « Un homme qui ne croit en presque rien et qui s‘est servi de ceux qui prennent tous les risques pour défendre ce en quoi ils croient : voilà qui est Emmanuel Macron ». C’est le cri du cœur, déchirant (LOL) du Cocu de service.
Là où cela conjugue le comique involontaire et une profonde bêtise dans l’écriture est quand il essaie de se présenter comme un ange de vertu désintéressé ne revendiquant aucune place, aucune décoration, dont l’humble ambition est de simplement « de servir son pays ». C’est beau comme de l’antique. Le comique est encore involontaire quand il plaint ses amis placés sous protection policière, à cause des méchants Islamistes qui sont, eux, libres de leurs mouvements, car encore en liberté.
Seulement tout son livre est une mare de fiel contre Emmanuel Macron qui ne lui a pas donné les 18 Députés qu’il demandait en échange de son soutien indéfectible. Ses Trente deniers de Judas à lui, ce furent 18 Députés du Printemps républicain. Au passage, il livre aussi une révélation sur le changement d’attitude de Zineb El Rhazoui qui pourfendait les « Islamistes », parce que la Macronie lui avait promis un poste de Députée. Quand le Pouvoir retire le tapis, comme pour Amine El Khatmi, elle change de braquet, et se met à défendre les Palestiniens. Ajouté à un mariage avec un riche Musulman, on sent la force de ses convictions. On ne saurait reprocher à la Macronie de se comporter comme au PMU : nul ne joue les perdants.
Lui, va changer aussi de braquet, mais en pire. Son modèle politique est Manuel Valls à qui aucune trahison, mensonge, reniement, parjure ne sont étrangers, on pourra faire difficilement pire dans l’ignominie. Aux Régionales, Amine El Khatmi appelle à voter pour Valérie Pécresse. Il se confie un peu (dépité visiblement) en reconnaissant que son appel à voter n’a pas apporté une seule voix à la candidate de LR. Il déclare aussi être prêt à voter Marine Le Pen contre Jean-Luc Mélenchon. C’est la nouvelle version de : « Il vaut mieux Hitler que le Front populaire ». Et il y a des gens de « gauche » pour lui donner ce label ? De qui se moque-t-on ? Les masques finissent toujours par tomber.
Tout son « poulet au vinaigre » est un hommage à la Réaction sur toute la ligne : il faudrait 20 000 places de plus dans les prisons, il faut dénoncer les Magistrats laxistes qui n’appliquent pas la guillotine aux « Islamistes », il faut expulser tous les étrangers en OQTF (obligation de quitter le territoire français). Bien entendu, il fustige le débat de six mois sur la Réforme des Retraites « c’est lunaire », alors qu’il faut chasser les Islamistes et réprimer les Musulmans. « Interdiction d’attribution d’un logement social à des étrangers dans des quartiers où la proportion d’étrangers dépassant les 25% », « abaissement de la majorité pénale à quinze ans, instauration de peines minimales obligatoires, fin de l’aménagement systématique des courtes peines de prison » C’est « Facholand » à tous les étages.
Bien entendu, il adore CNEWS et a beaucoup d‘estime pour Fabien Roussel. Il soutient Robert Ménard qui refuse de marier un étranger en situation irrégulière, ce qui va au-delà de la loi. En fait, c’est une Oie du Capital qui caquette pour alerter en défense du système et qui cherche une place en récompense de cette action « héroïque ».
C’est un Rastignac de banlieue. Il propose à Xavier Bertrand, puis à Valérie Pécresse de les soutenir aux Présidentielles. Le scénario est monté par Raphaël Enthoven : « Tu te présentes aux Présidentielles, tu fais 4% et tu négocies avec Macron ». C’est comme certains imperméables, c’est réversible à souhait pour tous les candidats putatifs. Mais Jacques Attali finit par lui ramener les pieds sur terre, et Richard Ferrand l’attire avec la proposition des 18 députés en échange d’un soutien dès le premier tour à Emmanuel Macron. C’est en fait un petit beefsteakard qui s‘est pris les pieds dans le tapis de ses ambitions irréalistes en échange de fumeuses et hypothétiques prébendes auxquelles il est le seul à croire.
Son livre est un plaidoyer pro-domo pour légitimer son parcours : PS – Macron- le Pen. C’est une offre de service au RN, c’est l’Autobahn du reniement et de la turpitude.
Il déteste naturellement beaucoup de monde, même dans son camp (celui-ci changeant souvent) : Pap N’Diaye, Benoît Hamon, l’Observatoire de la Laïcité (Jean-Louis Bianco et Nicolas Cadène), et naturellement plus que tout : Jean-Luc Mélenchon. C’est un petit « pue-la-haine », sans talent, sans envergure ne représentant rien, mais avec une ambition inversement proportionnelle à ses moyens qui sont minisculoïdes.
Mais il a des véritables sympathies pour : Elisabeth Badinter, Règis Debray, Elisabeth de Fontenay, Alain Finkielkraut, Catherine Kintzler qui ont lancé l’Appel: « Profs ne capitulons pas ! » dans le Nouvel Observateur de novembre 1989. On se souvient de l’affaire des « foulards de Creil » qui a débouché sur cette mascarade de la loi « antimusulmane », dite loi Stasi de 2004.
Pour ne pas abroger l’Article 10 de la loi d‘Orientation de Lionel Jospin de Juillet 1989 qui est le point de départ de toutes ces affaires de voiles islamiques à l’École publique. En permettant le « droit d’expression des élèves », la loi (supérieure juridiquement) abrogeait les Circulaires de 1936/1937 de Jean Zay qui avaient garanti la Laïcité dans l’École publique pendant un demi-siècle. Désormais, les locaux, les programmes, les enseignants, le personnel devaient continuer à être neutres, mais plus les élèves. Les premières affaires commencent dès septembre 1989.
La Loi Stasi de 2004 est le produit d‘une combine politicarde entre le PS et le RPR pour ne pas abroger l’Article 10 de la Loi Jospin, source de tous les problèmes. L’acte de naissance de cette loi lui a donné inéluctablement son caractère antimusulman. Ajoutons que toute la galaxie xénophobe des antimusulmans : CLR, UFAL, Unité Laïque, FNDDEN, etc, sont des amoureux transis et les énamourés de cette loi profondément antilaïque. Elle vise à autoriser les signes ostensibles (croix, kipas, mains de Fatma etc.), mais pas les foulards islamiques (caractérisés « d’ostentatoires ») et le reste des accessoires d’habillement des « présumés Musulmans ».
Le Proviseur de l’établissement Gabriel-Havez de Creil est l’initiateur de cette campagne contre les foulards islamiques. Il a été Député RPR de 1993 à 1997 (un véritable progressiste donc !). On l’a présenté comme un Franc-Maçon du Grand Orient de France, ce qui lui conférait aux yeux de certains naïfs de service, un « label laïque ». Et certains « laïcs » xénophobes ont utilisé cette donnée à outrance et sans vergogne.
Mais de quelle Franc-Maçonnerie était-il réellement membre ? Il était membre de l’Ordre Martiniste et de la Stricte Observance Templière (1). On sait, ou on devrait savoir, que les Ordres Templiers sont, par définition et vocation, des nostalgiques acharnés des Croisades contre les Musulmans, qui voient des « faits de civilisation » dans les Croisades et les massacres des Musulmans. On se souvient de la Prise de Jérusalem qui fut le choc terroriste initial qui est la source de la haine de beaucoup.
C’est donc un Nostalgique des Croisades qui a organisé toute ces affaires contre des Musulmans. Ce qui relativise beaucoup la « sincérité » de pseudo-laïques, qui ne furent que les benêts trompés d’une manipulation xénophobe.
Ajoutons aussi qu’Amine El Khatmi a une grande estime reconnaissante pour Jean-Pierre Obin qui confond « bruits de chiottes » et données statistiques dans sa croisade mystique contre les « Islamistes ». On nous rebat les oreilles sur le fait qu’en octobre 2022, il y aurait eu (en mélangeant tout, la carpe et le lapin, une remarque mal comprise et un symbole religieux ou une prière) 720 signalements d’atteintes à la laïcité. Horreur, Charles Martel, revient ! Or, il y a 12 millions d’élèves scolarisés en France. 720 cas sur 12 millions et on appelle à une nouvelle Croisade contre les Sarrazins qui sont à nos portes et nous envahissent ? Grotesque et dérisoire, raciste et réactionnaire aussi.
Amine El Khatmi n’est en fait qu’un Aventurier du Député perdu. Sa place est incontestablement dans les poubelles de l’Histoire.
Christian Eyschen
Cynisme, dérives et trahisons de Amine El Khatmi – Editions Harper Collins – 155 pages – 18,90€
- : Source : Rationalisme et Franc-Maçonnerie de Guillaume Michel
