Un décret multiplie par 16 les droits d’inscription universitaires pour les étudiants étrangers

Pour nous suivre

C’était une menace, désormais c’est fait. Le 19 avril 2019 la ministre de l’Enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation, Madame Frédérique Vidal a publié un décret augmentant de manière colossale les droits d’inscription pour les étudiants non membres de l’Union Européenne. Colossale n’est nullement exagéré. L’année de licence est portée pour eux de 170€ à 2 770 € en tarif ordinaire, l’année de Master de 243€ à 3 770€.

Pour les 5 ans d’enseignement supérieur (hors la thèse de doctorat), on passe ainsi d’une charge de 1 506€ pour les étudiants européens (au sens de l’Union Européenne) à la somme inouïe de 24 160€ pour les autres, ce qui représente un coefficient multiplicateur de 16. La gratuité de l’enseignement est supprimée purement et simplement pour les étudiants venus d’ailleurs. C’est une infamie !

La Libre Pensée s’était déjà exprimée sur cette menace dans son communiqué du 15 décembre 2018. Les montants retenus dans l’arrêté sont exactement ceux annoncés par Edouard Philippe alors.

Nous relevions à cette date que « le rapport remis au Premier ministre indiquait comme une piste nécessaire le principe de droits d’inscription équivalents au coût des études, proposant qu’une partie soit payée par l’Etat et l’autre par l’étudiant. Ce serait un principe de privatisation, l’Université étant sommée de trouver ses propres ressources sur le dos de ses usagers, transformés en clients. C’est le principe même de l’autonomie élargie qui a conduit nombre d’universités à la détérioration de leur situation financière et parfois à la mise sous tutelle des rectorats. Cette augmentation pour les étudiants étrangers est un élément de la privatisation accrue de l’enseignement supérieur. »

C’est bien de cela qu’il s’agit, c’est bien le premier acte d’une privatisation des études qui est en route !

La Conférence des Présidents d’Université a fustigé dans un communiqué une mesure qui «porte en elle le risque important d’exclure des étudiants et des doctorants». Près d’une vingtaine d’universités ont annoncé qu’elles n’appliqueraient pas la mesure, malgré les menaces de Madame Vidal qui a insisté, le 16 janvier devant le Sénat sur «le devoir d’obéissance et le devoir de loyauté» de «tout fonctionnaire» vis-à-vis de son ministère de tutelle. «En tant qu’opérateurs de l’État et fonctionnaires d’État, “il est évidemment très important », a-t-elle ajouté « qu’ils portent les politiques publiques décidées par l’État ».

Une mesure inique, une université aux ordres. Voilà le contenu réel de l’  « autonomie élargie ». L’UNEF, par la voix de Lilâ le Bas a déclaré nettement : « C’est inacceptable, sur le fond et sur la forme. Sur la forme car cette décision a été prise sans concertation avec les syndicats. Sans que l’on ne nous demande rien, Campus-France (l’antenne qui gère l’envoi des étudiants étrangers vers la France) a déjà changé les frais d’inscriptions pour les Extra-Européens en ligne. Sur le fond, surtout, aucun gouvernement n’avait osé faire cela. Les étudiants étrangers doivent avoir les mêmes droits que les Français et les mêmes conditions d’études. Il faut arrêter de mettre des bâtons dans les roues des jeunes, car une nouvelle fois, les plus précaires seront les premiers touchés. »

La Libre Pensée apporte son soutien à tous ceux qui refusent cette mesure discriminatoire : syndicats d’étudiants, de lycéens, de chercheurs, d’enseignants et de personnels, conseils d’université, assemblées générales. Elle doit être retirée, elle est indigne.

Pour la gratuité des études !

Contre la discrimination d’origine !

Pour que les étudiants étrangers qui le souhaitent

puissent se former en France.

Pas d’augmentation des droits d’inscription pour qui que ce soit.

Accès libre à toute personne titulaire du baccalauréat

ou de son équivalence reconnue !

Retrait du décret du 19 avril 2019 !

Paris, le 4 mai 2019