Défendre la République et la laïcité

Pour nous suivre

Chers amis, chers camarades,

L’Appel des laïques, lancé le 9 décembre 2016, en hommage au 111e anniversaire de la loi de 1905 de séparation des Eglises et de l’Etat, poursuit son chemin.

Sur le site, consacré à cet Appel, il y a près de 8 000 signatures, auxquelles s’ajoutent des milliers d’autres signatures recueillies par d’autres moyens.

La défense de la laïcité ne saurait durer le temps que vivent les roses, alors signez et faites signez l’Appel des laïques.

Vous trouverez ci-joint le discours qui a été prononcé dans les dizaines de banquets républicains, à l’initiative de la Libre Pensée, autour de la date-anniversaire du 21 janvier qui symbolise la fin de la monarchie et celle de l’avènement de la République.

Ce discours contient toutes les explications nécessaires pour poursuivre le véritable combat laïque qui ne saurait se teinter de xénophobie, de haine de l’autre, de discrimination et de hiérarchisation des religions au nom de « l’Occident chrétien ».

Fraternellement

La Fédération nationale de la Libre Pensée

 

Discours pour le 21 janvier 2017 Pour la République et la laïcité

Chers amis, chers camarades,

Nous sommes réunis en ce jour à l’occasion de l’anniversaire de la décollation du ci-devant Louis Capet, qui fut roi de France, à une époque où le pouvoir était de droit divin. La Grande Révolution française entamait un processus historique qui mit fin, dans le temps, à la fois à la monarchie et aussi au pouvoir de Dieu et de l’Eglise.

Le pays commença alors un long chemin, semé d’embûches, qui verra l’avènement de la République, de la démocratie, de la laïcité et des conquêtes sociales. Tout cela ne fut pas concédé, mais arraché à un vieux monde replié sur  lui-même et sur ses égoïsmes réactionnaires.

Aujourd’hui, nous ressentons dans ce pays, chez certains, comme un retour à cette nostalgie qui marie si bien les intérêts du Capital et de l’encens. Nous avons connu en 2016 un mouvement puissant, impulsé par les organisations syndicales issues de la Charte d’Amiens de 1906, en défense des droits des salariés qui refusent, hier comme aujourd’hui et demain, d’être les victimes d’un système d’exploitation qui enrichit toujours les plus riches et qui appauvrit toujours les plus pauvres.

Ce mouvement de résistance sociale est intact et si d’aventure, comme certains l’annoncent, la loi El Khomri n’a fait que  paver le chemin à une offensive réactionnaire encore plus importante, il est sûr que les choses ne se passeront pas comme cela et qu’il y aura toujours plus de monde dans les rues et dans les grèves. La force de la classe ouvrière est toujours là et elle est toujours puissante.

Mais aux côtés du capitalisme, il y a toujours l’Eglise. Le vice au bras du crime, encore et toujours. Alors qu’on a voulu nous faire prendre leur Messie pour une lanterne en désignant une religion minoritaire particulière comme étant responsable de tous les maux, une autre secte religieuse, bien plus puissante et aux postes de commande, a montré qu’elle pouvait mobiliser sa « communauté » pour faire choisir le candidat qu’elle estimait le plus adapté à ses besoins.

Le communautarisme n’est pas toujours où on l’attend ni où on nous le désigne. La désignation de boucs émissaires, tant par la droite que par la « gauche », n’a toujours servi qu’à faire de basses besognes. L’Histoire regorge de ces manipulations. Mais comme on ne passe jamais les mêmes plats, il risque d’y avoir loin de la coupe aux lèvres.

Cette résistance, nous l’avons clairement vu et nous avons aidé à l’exprimer à travers l’Appel des laïques, dont l’écho en a surpris plus d’un. Nous avons pris cette initiative dans une volonté d’union et la réponse a été aussi puissante. Sur un autre terrain que le social, la force de la démocratie et de la Laïcité s’est ainsi manifestée.

Certains d’entre nous qui, depuis fort longtemps, travaillent sur l’ouvrage et sur le chantier, ont pu mesurer ce que signifiait pleinement de passer de l’Appel aux laïques en 1980 à l’Appel des laïques en 2016. La Libre Pensée, mais pas seulement, a œuvré pour éclairer les débats et permettre, au-delà des différences, qu’un véritable regroupement s’opère sur la base des principes essentiels

Que dit, en effet, à l’occasion du 111e anniversaire de la loi de 1905, l’Appel des Laïques ? :

  • Que la laïcité ne peut être récupérée et instrumentalisée dans un but de xénophobie, de racisme, de discrimination. Ferdinand  Buisson ne disait-il pas au moment  du vote de la loi de 1905 : « La Séparation des Eglises et de l’Etat n’est pas le dernier mot de l’émancipation sociale, mais elle en constitue indéniablement le premier » ? Remettre en cause la loi de 1905, c’est remettre en cause l’émancipation humaine.
  • Que la Séparation des Eglises et de l’Etat organise la distinction entre la sphère publique et la sphère privée, entre le pouvoir civil et le monde religieux. En conséquence, l’Etat, sous aucune forme, ne doit s’ingérer dans les affaires religieuses. Il n’a pas à organiser un culte. C’est un principe essentiel et, en contrepartie, la religion ne doit pas se mêler des affaires publiques. Si l’Etat, et quelles qu’en soient les raisons, décide d’organiser un culte, nous ne sommes plus dans le domaine de la laïcité, mais dans celui du concordat. Les cultes doivent s’organiser comme ils l’entendent, et s’ils ne le peuvent pas, ce n’est pas à la puissance publique de le faire à leur place.
  • La République assure la liberté de conscience pour tous, elle n’a pas à distinguer entre les religions, entre celles qui auraient sa faveur au détriment d‘une autre. La laïcité, c’est la neutralité de la puissance publique en matière de croyance et de non-croyance. Tout autre comportement relève de la discrimination, de l’inégalité et de l’ingérence antilaïque.
  • La laïcité de l’Etat impose qu’il n’y ait aucun financement public des activités religieuses quelles qu’elles soient. Les Elus du peuple ne doivent faire aucune allégeance publique à un culte. Libre à eux de pratiquer, en dehors de leurs missions publiques, l’opinion philosophique de leur choix.
  • Enfin, l’Appel des laïques est une référence explicite au Serment de Vincennes de 1960 qui rappelle que la Nation doit consacrer ses efforts pour la seule Ecole de la République. Ce n’est donc pas rien de voir le rassemblement effectué autour de ce rappel.

Cet Appel est donc centré sur l’essentiel des principes laïques que des générations entières ont mis en œuvre pour voir triompher leur avènement.

C’est pourquoi nous ne pouvons que nous réjouir du nombre et de la qualité des signataires, militants et responsables, associations ou personnalités. La Libre Pensée pose alors deux  questions : depuis quand un tel regroupement a eu lieu ? Comment a-t-il été rendu possible, sinon dans la volonté, affirmée et croissante des militants de la laïcité, quelques soient leurs appartenances et leurs diversités, de se  regrouper pour agir ?

Nous trouverons bien sûr quelques esprits chagrins. Ceux-là ne peuvent concevoir que quelque chose de bien et de positif puisse se faire en dehors d’eux. Il y a chez ces gens-là comme une dimension missionnaire. Et de la « mission » qu’on croit avoir à la démission réelle qu’on effectue parce que personne ne vous suit, il n’y a souvent qu’un pas. C’est le propre du sectarisme.

Quand on examine le panel des signataires, que constatons-nous avec bonheur ? Il y a le socle des associations historiques de la laïcité : La Libre Pensée, la Ligue de l’Enseignement, la Ligue des Droits de l’Homme et l’Union rationaliste. Les associations historiques membres du CNAL, sauf une (ce qui est incompréhensible au regard des exigences laïques d’aujourd’hui), sont signataires : la FCPE, la Ligue de l’Enseignement bien sûr, le SE-UNSA. Les organisations syndicales qui refusent la régression sociale : la CGT, la CGT-FO, la FSU, l’UNEF, la FIDL, l’UNL. Il y a aussi les principales organisations de l’économie sociale, notamment dans l’Education nationale, mais pas seulement : les mutuelles, la FNMF, la FMF, ESPER (ex-Cecomcen). Il y a encore bien d‘autres associations comme le CNAFAL, par exemple.

Il y aussi des députés, des sénateurs, des euros-députés, des maires, des Elus de différentes collectivités territoriales. Nous ne pouvons citer toutes les personnalités connues. C’est une véritable vague laïque. Il y a bien sûr quelques rares absents, il ne nous appartient pas de commenter, mais chacun sait, et cela n’aura jamais été aussi vrai que : les absents ont toujours tort.

Que l’on ne s’y trompe pas ; c’est un Appel que nous appelons encore à faire signer maintenant, il faut l’amplifier. Ce n’est pas une pétition, personne ne peut rivaliser avec la pétition de 11 millions de citoyennes et citoyens exigeant l’abrogation de la loi Debré en 1960.

Cet Appel des laïques est une déclaration d’intention, une volonté  d’agir ensemble.

C’est pourquoi, la Libre Pensée a suggéré aux associations amies de poursuivre la collecte des signatures sur cet Appel, afin de permettre à d’autres de nous rejoindre. Il n’est jamais trop tard pour bien faire.

Nous avons aussi proposé que les associations signataires et les personnalités puissent, sur le plan local, départemental, régional et national faire les Etats des lieux de la laïcité en suggérant les thèmes d’études en commun suivants :

  • Le respect de la laïcité par les Elus
  • Le contenu des programmes et des manuels scolaires
  • La loi Carle
  • Le péri, para et post scolaire
  • La restauration collective, y compris scolaire
  • L’Alsace-Moselle et les TOM
  • Les diplômes universitaires et la collation des Grades
  • L’Enseignements supérieur
  • Les intervenants extérieurs dans l’enseignement public

Et pour que les choses soient très claires, il n’y a aucune volonté de fonder quoique ce soit de nouveau, un collectif, un comité, etc… La Libre Pensée est aujourd’hui fermement opposée à toute forme de collectifs qui ne sont que le masque caché d’enjeu de pouvoir. Nous voyons aussi que des associations signataires sont membres de structures. Vouloir construire quelque chose de nouveau, c’est diviser au lieu d’unir, c’est mettre en porte-à-faux selon les appartenances des uns ou des autres.

Ce que nous proposons est d‘un autre ordre : peut-on établir ensemble un état des lieux pour déterminer ensemble où sont les problèmes sur  lesquels on peut agir ensemble ?

La Fédération nationale de la Libre Pensée participe au Comité national laïque de la Ligue de l’Enseignement. Celle-ci se propose d’élaborer une déclaration sur la laïcité, dans laquelle la Libre pensée a demandé qu’y figurent la question des funérailles civiles et laïques et la question de la laïcité dans les hôpitaux, prisons, armées, gendarmeries, internats.

Pour sa part, la Libre Pensée et ses Fédérations départementales continuent d‘établir les inventaires laïques sur le financement public des religions, de leurs œuvres, en particulier de l’enseignement privé grâce à la loi Debré. De même, conformément aux décisions du Congrès national de Bourg-lès-Valence, elle demandera à rencontrer prochainement les organisations syndicales enseignantes, issues de la Vieille CGT, pour connaître leur analyse sur la loi Peillon et ses suites.

Dans les actions de la Libre Pensée, il y a aussi une place importante réservée pour son activité internationale. Se tiendra en septembre 2017, le 7ème Congrès mondial de l’Association internationale de la Libre Pensée à Paris. Seront traités des sujets importants,  comme les droits des femmes, la question du Droit de Mourir dans la dignité et de la défense des sciences. Des associations de Libre Pensée venues des cinq continents seront présentes et exposeront leurs analyses et propositions.

Nous vous appelons à y venir nombreux, à remplir votre bulletin d’inscription, à le soutenir financièrement pour aider nos camarades des pays en difficultés ; bref, à faire œuvre d’internationalisme militant.

Chacun peut donc concevoir l’importance du Chantier ouvert. Chacun, selon son bon vouloir, peut apporter une pierre pour l’édifice qu’il veut construire. A chacun de dire, à chacun de faire.

Pour terminer, car sinon cela ne saurait être un discours de la Libre Pensée :

Ni dieu, ni maître !

A bas la Calotte ! Et vive la Sociale !