Depuis ses origines, l’Europe politique fonctionne sur une série de mystifications qui a pour but de cacher sa nature et son objectif. Commençons par les mystifications.
« L’Union européenne, c’est l’Europe ? »
Non, L’Europe est un continent, notion géographique établie et connue comme l’Afrique ou l’Amérique. L’Union européenne est une construction politique, donc humaine, que des hommes ont proclamée et que la colère des peuples peut détruire. Ainsi, l’Europe politique (qui changea de nom régulièrement) a toujours rejeté la Russie et les pays qui lui sont proches, avant même la chute du Mur de Berlin, de la « construction » européenne. De même, la possibilité que la Turquie soit potentiellement européenne est exclue, essentiellement en raison de ses prétendues origines non-chrétiennes.
« L’Europe, c’est la paix ? »
Curieuse conception qui fait que la paix, c’est on bombarde les autres. Regardons les méfaits de l’Europe politique en Europe même. Belgrade, une capitale de l’Europe, a été bombardée trois fois ; en 1914, comme prologue de la grande boucherie ; en 1941, par les troupes nazies ; en 1999, par l’OTAN (incluant des forces « européennes ») dans le cadre de la guerre de dislocation de l’ex-Yougoslavie.
La Grande-Bretagne, monarchie séculaire, a torturé et fait mourir les républicains irlandais comme Bobby Sands en 1981. La même monarchie britannique mena la Guerre des Malouines contre la nation argentine, en multipliant les exécutions sommaires. Tout comme l’Espagne engagea des expéditions coloniales contre l’île marocaine de Persil en 2002.
La France, sous tous les gouvernements depuis 1950, multiplia les expéditions et guerres coloniales et postcoloniales, depuis l’Indochine à l’Algérie, en passant par le Mali. Tous les gouvernements français ont été salis par les « sales guerres » dont la liste est inépuisable.
Chaque gouvernement des pays de l’Union européenne, à sa manière, à sa façon, a participé à une sale guerre, recouverte de la réputation pacifique de l’Union européenne. Où est la paix que l’Union européenne promet à l’Ukraine ?
« L’Union européenne, c’est le progrès ? »
L’Europe politique a commencé en 1952 sous le nom d’Assemblée commune de la Communauté européenne du charbon et de l’acier. Il n’y a plus de charbon et il n’y a plus d’acier. Où est le progrès pour les peuples d’Espagne, de Grèce, du Portugal qui – hélas – préfigurent les autres peuples dévorés par l’ogre bruxellois ? Où est le progrès quand l’Union européenne est structurée dans la « troïka » qui affame les peuples, par la Banque Mondiale et le FMI, au compte des Etats-Unis et de leurs intérêts ?
« L’Union européenne, c’est la démocratie ? »
Passons sur les technocraties non-élues qui dirigent l’Europe politique. Par trois fois, le peuple danois refusa les ukases de l’Union européenne. On les lui imposa. En 2005, les peuples français, néerlandais, irlandais ont refusé les ukases de l’Union européenne. On les lui imposa.
Depuis des mois, les peuples d’Espagne, le peuple grec, le peuple portugais refusent les ukases de l’Union européenne. On veut les leur imposer. Maintenant que nous avons dit ce que n’était pas l’Union européenne, la Libre Pensée va dire ce qu’elle est.
L’Union européenne, c’est l’Europe vaticane !
Il ne s’agit pas, ici, dans une courte déclaration de faire toute l’histoire de l’Europe vaticane. La Fédération nationale de la Libre Pensée est, bien évidemment, prête à tout débat et à toute confrontation. Nous affirmons que l’Europe politique, dite « Union européenne », a été une création des démocrates-chrétiens, agents du capitalisme et du Vatican, nommés Schuman, Adenauer, de Gasperi.
Nous affirmons que l’expression et l’idée « Communauté européenne » ont été une création de l’école d’Uriage, du régime de Vichy, en 1941. Si les déboires militaires n’ont pas permis que cette « Communauté » se tienne sous la domination nazie, les valets ont trouvé d’autres maîtres.
Ainsi, Jean Monnet, homme d’affaires et agent d’influence du gouvernement américain, conseiller du gouvernement nationaliste de Tchang Kaï-chek, écrivait à ses maitres américains en 1943 à propos de Gaulle « qu’il est un ennemi du peuple français et de ses libertés ; qu’il est un ennemi de la construction européenne, qu’en conséquence il doit être détruit dans l’intérêt des Français ». Tel est un des « pères de l’Europe » [1] !
Dans les années 1950, cette Europe vaticane provoquait, à juste titre, le refus des dirigeants des organisations ouvrières et démocratiques. Le député P.C.F. Pierrard déclarait, jouant sur le nom de Schuman, « cette petite et fausse Europe que d’aucuns appellent la Schumanie et que vous voulez à toute force réaliser, c’est peut-être l’Europe vaticane que vous rêvez de diriger avec vos compères de Gasperi et Adenauer » [2]. Le dirigeant socialiste V. Auriol déclarait « l’Eglise a fait la triple alliance, Adenauer, Schuman, Gasperi, trois tonsures sous la même calotte » [3].
La Fédération nationale de la Libre Pensée s’honore de ne pas avoir oublié ce que le mouvement ouvrier expliquait à cette époque. Comment les dirigeants anciens des organisations ouvrières et démocratiques ne pouvaient-ils pas être révoltés ? Comment ceux qui se réclament des organisations ouvrières et démocratiques peuvent-ils avoir oublié ce qui était dit auparavant ?
Comment écarter d’un revers de main la question centrale du fonctionnement de l’Union européenne, qui est la subsidiarité, principe essentiel de la doctrine sociale de l’Eglise et appliqué par l’Europe politique, aujourd’hui ? Comment négliger que le drapeau européen, à douze étoiles, est le symbole revendiqué du culte marial et qu’il ne changera pas, quelque soit le nombre des Etats membres ?
Comment oublier le « dialogue ouvert, transparent et régulier avec les religions » (article 17-C du Traité de Lisbonne) ? Cette exigence implique en France l’abandon de la Loi de Séparation des Églises et de l’Etat en 1905, mais elle pérennise, aussi et en même temps, le Concordat hitlérien de 1934, toujours en vigueur en Allemagne et le Concordat fasciste de 1929, toujours en vigueur, même amendé, en Italie.
Par quelque bout que l’on prenne le problème, l’Union européenne est une création cléricale.
La Fédération nationale de la Libre Pensée, fidèle à ses traditions et à ses principes, pose franchement et fraternellement la question à tous les démocrates, les républicains, les laïques de France et d’Europe, à leurs organisations : Peut-on avancer vers la démocratie, la laïcité, la paix en Europe en conservant une structure oppressive, totalitaire et cléricale ? Qui peut le penser sincèrement ?
La Fédération nationale de la Libre Pensée, contre l’Europe vaticane, affirme avec le révolutionnaire Saint-Just « le bonheur est une idée neuve en Europe ».
Paris, le 6 avril 2014
[1] Cité par Antonin Cohen, De Vichy à la Communauté européenne.
[2] Journal Officiel, Assemblée nationale, séance du 10 juin 1953.
[3] V. Auriol, Journal du septennat, 14 septembre 1951.