L’éditorial du président
« Liberté, liberté chérie, combats avec tes défenseurs »
Amis lecteurs,
Voici notre numéro de rentrée, après ces vacances d’été pas comme les autres placées sous la menace de l’épidémie due à la souche virale Covid 19. Ce n’est pas mon habitude de citer La Marseillaise, mais son sixième couplet, révolutionnaire, est trop oublié au profit des « zenfants de la Patrie » chers aux militaires. Force est de constater que les mesures prises par le gouvernement Macron-Philippe transmuté en Macron-Castex à la mi-juillet, va très au-delà des précautions épidémiologiques nécessaires. Interdiction totale des manifestations et des contraintes majeures sur les réunions, accentuation de la répression à toute occasion, ce sont des tentatives désespérées pour tenter d’éviter le jaillissement de la colère accumulée durant les mois de confinement. Les mesures prises sont tellement abusives que le Conseil d’État lui-même les dénonce en des termes si vigoureux qu’ils tranchent avec la langue de bois habituelle des institutions : l’interdiction des rassemblements de plus de 10 personnes présente un caractère général et absolu de nature à porter une atteinte grave et manifestement illégale aux libertés fondamentales (voir détails page 10). Grave et manifestement illégale ! Ce n’est pas rien. De fait, chaque jour, des militants sont réprimés dans des rassemblements et réunions publiques, pourtant régulièrement convoqués. Perquisitions, gardes à vue, déferrements au tribunal : tout un arsenal est mis en place pour intimider et interdire toute contestation de la politique de ce gouvernement. Notre article « La répression ne fera pas taire le peuple » en donne le détail avec notamment l’affaire de Montendre, où une banderole évoquant malicieusement le « macronavirus » a conduit ses auteurs au poste de police. Le délit d’outrage au prince serait rétabli.
Pendant ce temps, et insidieusement, le Conseil constitutionnel abaisse les exigences en matière de ratification des ordonnances, accroissant encore les pouvoirs discrétionnaires de l’Exécutif, une caractéristique de la Ve République. Notre spécialiste juridique nous alerte sur ce fait car les menaces du gouvernement sur la possible révision de la loi de 1905 sont toujours présentes. Parmi elles, des dispositions liberticides ayant trait à la police des cultes ou impliquant un pouvoir de dissolution administrative des associations dont un membre proférerait des propos de « haine » pourraient être adoptées par ordonnances sans même de ratification par le parlement. Un pas de plus dans la voie bonapartiste caractéristique de la Ve République.
Ceci nous ramène au combat incessant de la Libre Pensée pour la défense intransigeante de la loi de Séparation des Églises et de l’État. Nous l’avons engagé dès les premières annonces d’Emmanuel Macron au début de son quinquennat et nous avons été rejoints par les associations laïques majeures du pays. Ce combat fait maintenant l’objet d’un ouvrage que chacun pourra se procurer auprès de notre librairie nationale ou de nos Fédérations. C’est l’objet de notre dossier mensuel. Il montre toutes les étapes de ce combat indispensable. La loi de 1905 est le socle fondamental qui institue et garantit la laïcité des institutions publiques, dont la liberté de conscience est le corollaire. La loi de 1905 est une loi de liberté. Liberté, liberté chérie… Nous n’avons pas changé de sujet.
Dans le précédent numéro de La Raison, nous avons donné la parole à Pierre Vignon, prêtre catholique à propos des scandales pédophiles dans l’Église, aujourd’hui notre Fédération du Rhône s’entretient avec François Devaux, Président de l’association La Parole Libérée que Pierre Vignon a soutenue et aidée. Au-delà du scandale, dont les dimensions internationales sont immenses, comme le rappelle constamment l’Association internationale dont la Libre Pensée française est membre, il y a une question fondamentale de conflit de droit : la Séparation des Églises et de l’État implique la soumission des ecclésiastiques comme de n’importe quels autres citoyens, à la loi commune. Le droit canon ne concerne que l’Église dans son fonctionnement interne, il ne saurait prévaloir sur le droit tout court. Cette histoire n’est pas terminée, tant s’en faut.
Jean-Sébastien Pierre, Président de la Libre Pensée
PS : Dans mon éditorial de Juillet/Août, il est mentionné la Commission Devaux, il fallait lire la Commission Sauvé.
La couverture
Le Sommaire
Vous pouvez vous procurer ce numéro au siège de la FNLP 10, 12 rue des Fossés-St-Jacques (librairie@fnlp.fr)
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