L’éditorial :
Congrès de la Libre Pensée à Voiron (Isère) :
un succès éclatant, une marche franchie.
Du 23 au 28 août, la fédération nationale de la Libre Pensée a tenu son congrès à Voiron, dans l’Isère. J’invite nos lecteurs à prendre connaissance des résolutions qui en sont issues, notamment la résolution générale et la résolution laïque, reproduite dans nos pages.
Ce fut un congrès d’unité, cette unité allant très au-delà de notre association. Lors de la séance inaugurale, le nombre d’associations présentes ayant pris la parole, dépassait tout ce que nous avons connu par le passé.
Le nombre de celles qui, empêchées de venir, avaient envoyé des messages chaleureux était tel que nous avons dû répartir leur lecture dans différentes sessions du congrès. Nous en ferons un fascicule qui permettra à tout un chacun d’en prendre connaissance.
Le nombre est une chose, le contenu en est une autre plus frappante encore.
Nos invités, les organisations du bloc laïque historique (Ligue des Droits de l’Homme, Ligue de l’Enseignement et bien sûr, la Libre Pensée, en l’occurrence invitante), les multiples organisations démocratiques avec lesquelles nous travaillons et que je ne peux malheureusement pas toutes citer dans cet éditorial, les formations syndicales et les partis politiques venus nous saluer ou ayant envoyé des messages, ont manifesté la convergence de leurs vues avec les nôtres sur le terrain brûlant des atteintes à la laïcité et des libertés publiques. La condamnation sans appel des lois liberticides édictées par la majorité parlementaire d’Emmanuel Macron et des décrets de décembre 2020 autorisant le fichage des appartenances politiques, syndicales, religieuses et même des opinions fut totalement partagée. Les interventions et messages de nos invités montraient que cette unité de vue s’était forgée dans le combat commun de ces derniers mois, depuis novembre 2020. Dans la suite du congrès, les interventions de nombre de délégués des fédérations ont montré à quel point la Libre Pensée a pu agir, pour appuyer, voire débloquer la possibilité d’appeler à manifester en dépit des confinements partiels et des interdictions.
L’unité de vue fut manifeste également sur la nature même de la laïcité, avant tout principe de liberté, la liberté des cultes découlant de la liberté de conscience. Je me permets de citer un alinéa de notre motion laïque : « La laïcité de l’État est un principe politique et pas une valeur morale ». Ceux qui voudraient en faire une valeur morale imposeraient alors cette valeur, en contrevenant à la liberté de conscience. Cet accord général comporte une analyse commune de la loi « séparatisme », loi mortellement dangereuse pour la liberté d’association comme pour la laïcité, et porteuse d’intentions concordataires.
Il ne s’agit même pas de séculariser la société ce qui, insistons là-dessus, est un processus social qui doit s’effectuer librement et non sous la contrainte par les progrès de l’instruction, de la raison, de la diffusion de la science, mais de mettre sous contrainte les seuls musulmans ou présumés tels, en un mot de rechristianiser le pays.
De plus en plus rares et de plus en plus happés par les démons de la droite extrême sont ceux qui persistent à habiller leur xénophobie d’une prétendue laïcité.
Unité de vue également parmi les congressistes avec des résolutions à l’analyse et au ton souvent novateur votées à l’unanimité après un examen approfondi de chaque terme dans les commissions du congrès. Chers lecteurs, adhérents, amis, je vous engage à les faire connaître convaincu qu’elles le méritent.
Nous avons dessiné la perspective de rassembler toutes celles et ceux qui le souhaitent, dans le respect absolu de leurs sensibilités, de leurs statuts et de leur histoire dans ce qui pourrait être une confédération des penseurs libres, incluant et dépassant largement la Libre Pensée elle-même, évidemment soucieuse de poursuivre sa propre route et son propre développement. Cette perspective nous semble proche, à portée de main même. C’est me semble-t-il une grande et belle idée. Nous y travaillerons, dans un esprit d’ouverture, et nous ne serons pas seuls sur ce chemin.
Je vous souhaite bonne lecture de ce numéro de La Raison.
Jean-Sébastien Pierre,
Président de la Fédération Nationale de la Libre Pensée