L’éditorial
Culture et Raison : deux de nos raisons d’être
J’ai découvert avec délices le contenu de ce numéro de notre revue. Du point de vue culturel c’est une véritable mine. Outre la qualité des articles, son sommaire témoigne de la pérennité des rubriques et de la diversité des sujets abordés. Je suis obligé d’en sauter, sous peine de sombrer dans l’énumération fastidieuse, mais jugez plutôt : nous rendons compte d’une bande dessinée, d’un film, d’un chanteur disparu, de deux ensembles littéraires, de deux ouvrages ressortant de l’exégèse, d’un livre soi-disant scientifique et d’un ouvrage sur la liberté de religion en Méditerranée. Nous présentons deux articles philosophiques, et deux articles sur l’Art. C’est considérable.
Une rapide revue de détail : La Bande dessinée traite de la Révolution russe en Ukraine et du très controversé personnage de Nestor Makhno. Elle donne envie d’en savoir plus sur ce moment de la Guerre civile. Présentée d’un point de vue anarchiste, elle pourra sembler contestable à certains de nos lecteurs mais peut-être est-ce le point de départ d’un débat historique dépassionné. Le film, c’est « l’évênement », adaptation du roman d’Annie Ernaux par Audrey Diwan, film angoissant, poignant sur ce qu’était un parcours d’avortement pour une jeune fille dans les années 1960, avant la légalisation de l’IVG. Souvenirs, souvenirs, celui-là est des plus amers. Il renforce nos convictions de résister à toutes pressions cléricales pour un terrible retour en arrière.
Le chanteur disparu, c’est Boby Lapointe, ce phénomène de la langue, pour qui ma génération et peut-être de plus jeunes, ont conservé admiration et tendresse.
Côté littérature, Monica Jornet nous invite à découvrir un livre pour la jeunesse peu connu de Louise Michel (excusez du peu), et Alain Chicouard nous invite à connaître Théodore Plievier, un écrivain dont j’avoue avoir ignoré jusqu’au nom avant la remarquable recension de ce numéro. J’ai hâte d’en prendre connaissance, je pense que vous, chers lecteurs, partagerez ma curiosité.
L’exégèse ressort-elle de la culture ou de notre « cœur de métier » ? Des deux, dirais-je et nous découvrons un dictionnaire critique des Evangiles par Gérard Lopez et Pierre-Yves Ruff, empreint d’érudition et d’humour. Et dans la même rubrique, une interrogation soulevée par Christian Eyschen : « Théologie de la Libération … Pléonasme ou oxymore ». Voilà une question d’actualité lorsqu’on connait les positions de Jorge Bergoglio dit pape François dans ses déclarations et dans ses œuvres.
Le livre présenté dans notre rubrique Sciences s’intitule « Le sens de la mécanique quantique » avec pour sous-titre Helgoland. Helgoland est le nom de l’Île où le très remarquable physicien Heisenberg s’était retiré à la fin de ses jours. Il a pour auteur Carlo Rovelli, astrophysicien très connu et très médiatisé. Georges Douspis nous montre de manière détaillée comment le livre de Rovelli règle en fait ses comptes au matérialisme dialectique – il l’a en horreur – mais également à Lénine, à la Révolution russe et au livre « Matérialisme et empiriocriticisme » Georges Douspis rappelle avec justesse que Werner Heisenberg porté aux nues par Rovelli s’était déclaré parfaitement convaincu de l’adéquation de la physique quantique et du matérialisme dialectique lors d’une discussion avec le physicien Robert havemann, persécuté par le régime stalinien d’Allemagne de l’Est dans les années 1950. L’article de Georges Douspis redonne dans son article un aperçu des termes de la controverse entre formalistes et dialecticiens, c’est à prendre en considération.
La Raison vous invite également à prendre connaissance du livre magistral intitulé « Liberté de religion et de conviction en Méditerranée » sous la direction de Valentine Zuber. C’est un ouvrage de réflexion sur la séparation du religieux et du civil tout autour de la méditerranée. C’est dire que le problème ne se limite pas à l’Islam !
Pour couronner le tout, nous avons deux articles de philosophie dont un, notamment interroge sur une ambiance mondiale totalitaire de réduction des libertés individuelles, et un dossier « arts » où Alain Leduc pose la question « Faudra-t-il désormais brûler Gauguin? » sur fond de « cancel culture ». On accuse la Libre Pensée de participer de ce mouvement d’effacement de l’histoire, notamment à propos du jugement – parfaitement justifié – de « déboulonnage » de la statue de l’archange Saint-Michel aux Sables d’Olonne. Vous verrez cela en pages 30 et 31.
Je vous souhaite bonne lecture de ce copieux numéro.
Jean-Sébastien Pierre, Président de la Libre Pensée
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