La Raison n°671 – mai 2022

L’Editorial :

Paix des peuples, paix civile !

Les délais de confection de La Raison ne permettent pas de traiter l’actualité en temps et en heure. Au moment où j’écris ces lignes, la guerre a éclaté depuis un mois sur le continent européen. Nul ne sait quelle sera la situation au moment où vous lirez ces lignes. La Libre Pensée a cependant réagi par un communiqué de presse dès le 27 février 2022, nous le reproduisons dans ce numéro.  Personne ne peut rester indifférent devant l’agression militaire perpétrée contre l’Ukraine et les souffrances terribles que cela inflige aux populations civiles. Pour autant, combien apparaissent prophétiques les lignes que nous publiions à l’occasion du 11 novembre 2021, « La guerre qui vient ».

« La Russie jouera son propre rôle comme interface entre les « Deux Grands » pour en tirer de substantiels bénéfices et se refaire une santé. Nous ne serons donc pas plus qu’aujourd’hui dans un monde bipolaire, mais multipolaire ou, dans des gigantesques brèches, il pourra se passer des évènements incontrôlables, notamment pour la possession des énergies […]. Nous allons rentrer de plain-pied dans un monde d’affrontements, de violences, de chaos et donc de révolutions. Là où est le chaos, nait souvent l’ordre. Inévitablement, la guerre va venir et aussi sa solution : la Révolution ! »

Dans cette situation terrible, ni l’OTAN, ni l’ONU, ni Biden, ni Macron ne sont des recours, bien au contraire. Les propos bellicistes se multiplient pour mettre en place une ambiance de guerre, et l’on sait bien qu’avec elle, disparaissent toutes les libertés.

Il n’aura échappé à aucun de nos lecteurs que l’ultra-droite catholique monte de nouveau une offensive contre la loi de 1905 sous l’angle de son article 28. Après la Vierge de Publier et le monument à la gloire de Jean-Paul II de Ploërmel, nous avons assisté à l’installation d’une statue de « l’archange Saint Michel » en terrain public aux sables d’Olonne, à la restauration d’une statue de la Vierge indûment installée dans la commune de La Flotte en Ré, et d’une autre à Saint-Pierre d’Alvey sur le terrain communal du Mont-Chatel.

Les trois cas ont fait l’objet de recours en Tribunal administratif de la part de nos Fédérations intéressées. Dans les trois cas les tribunaux, s’appuyant légitimement sur l’article 28 de la loi de Séparation des Eglises et de l’Etat ont dit le droit : Il est interdit depuis décembre 1905 d’élever quelque signe religieux que ce soit sur le domaine public, à l’exception des lieux de culte, des monuments funéraires privés et des lieux d’exposition.

Il est frappant de voir à quel point ces jugements parfaitement fondés sur la loi, sont attaqués avec violence par les municipalités coupables de cette infraction. Pour la Vierge de Saint-Pierre d’Alvey, la municipalité a déposé un recours en cassation devant le Conseil d’Etat. Elle a reçu de ce dernier un triple camouflet : La proximité de l’église n’en fait pas une dépendance de celle-ci et par conséquent n’est pas un sujet de dérogation, même si c’était une dépendance de l’église, ce ne serait nullement un lieu de culte et enfin, la loi s’applique même au « domaine privé des personnes publiques ».

Cet arrêté du Conseil d’Etat qui n’est pas en soi une institution anticléricale, mais qui a la charge de dire le droit, constitue une victoire importante des défenseurs de la laïcité. Ses trois considérants constituent par avance un barrage aux prétentions du maire des sables d’Olonne (un ancien parachutiste qui arguait que « Saint Michel » est le saint patron de son corps d’armée, quel argument !) comme aux activistes catholiques de la Flotte en Ré. Rappelons que le maire des Sables a osé organiser une votation contre le jugement du Tribunal avec une majorité écrasante pour conserver la statue mais… sur 7% de ses électeurs inscrits. 93% d’abstention, c’est quand même un record mondial !

Sur la statue de la Flotte-en Ré, Madame Lalouette, universitaire spécialiste de la Libre Pensée comme Caton l’Ancien était spécialiste de Carthage (delenda est), y est allée de son petit couplet venimeux contre notre association (anticléricaux psychorigides, etc.). On n’en attendait pas moins d’elle, elle pourra gémir sur l’issue prévisible de cette palinodie. Mais elle ne fera pas le Printemps, même « républicain ».

Vous verrez également dans nos colonnes une autre tentative de cléricalisation de l’espace public avec le village catholique de l’Ille-Bouchard (pages 25-26). La victoire juridique à Saint-Pierre d’Alvey en préfigure d’autres. Il y a une dialectique dans ce combat : L’existence de la loi de 1905 permet ces victoires et chaque victoire renforce la loi de 1905, notre bien commun.

Jean-Sébastien Pierre, Président de la Libre Pensée

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