Violences policières d’Etat, le sens de l’engagement de la Libre Pensée

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Un appel très unitaire a été adopté par plus d’une centaine d’organisations, d’associations, de Comités pour que Justice soit rendue aux victimes des assassinats par des policiers, des syndicats et des organisations politiques. La Libre Pensée a signé cet Appel unitaire. Nous avons voulu solliciter le point de vue de Christian Eyschen, son Secrétaire général.

● Que penses-tu de la situation actuelle ?

Christian Eyschen : Nous vivons actuellement une situation très tendue, très dangereuse. L’Etat, puisque c’est de lui dont il s’agit, est en train de déchainer une violence sans frein dans tous les secteurs, sur le plan social, économique, politique et contre la liberté d’expression, d’association et de manifestation. Qu’y a-t-il de plus violent sur le terrain des libertés que d’imposer une idéologie d‘Etat par le biais de la loi « Séparatisme » et les Contrats d’engagement républicain qui dictent aux associations ce qu’elles doivent penser, faire et ne pas faire ? On n’a jamais connu une telle ingérence dans la vie associative, sans parler du nombre de dissolution d’organisations qui ne plaisent pas au Pouvoir. Une véritable dictature autoritaire tente de se mettre en place.

L’impunité de policiers qui tuent des jeunes sans avoir quasiment de compte à rendre devient insupportable. Les « revendications » de « syndicats » de policiers sont totalement irresponsables, cela constitue la demande d’un véritable « permis de tuer ». Cela ne peut que soulever la colère des familles des victimes et des quartiers où elles vivent. Les matraquages, les gazages, la violence d’Etat se déchainent et ne peuvent qu’entrainer des réactions. Il n’y a qu’un seul responsable : le gouvernement. Constatons aussi que sa politique est présentée comme « un rempart contre l’extrême-droite », alors que maintenant tout le monde le constate, c’est Emmanuel Macron qui instrumentalise l’extrême-droite et qui lui ouvre le chemin du pouvoir. Quel cynisme !

Il faut ajouter à cela la destruction de tous les acquis sociaux, la casse des services publics et de l’Hôpital public, les milliers de licenciements et les fermetures d’entreprises. Au compte du Capital financier, le pouvoir, tous les pouvoirs successifs de droite comme de gauche ou même « d’ailleurs » détruisent tout ce qui été édifié depuis des décennies. C’est l’application du programme de Denis Kesller, représentant patenté de la Finance : « Faire table rase de tout ce qui a été constitué depuis 1945 », à la Libération comme sous-produit de la vague révolutionnaire chassant les nazis et les pétainistes.

● Peux-tu présenter l’Appel unitaire ?

CE : Disons-le tout net, c’est très important à plus d’un titre. C’est la première fois qu’une jonction se réalise entre différents mouvements de type très différents. On se souvient que la volonté que le mouvement ouvrier, notamment syndical, se joigne au Mouvement des Gilets jaunes n’a pas trouvé une pleine réalisation et cela fut bien dommage. Là, la violence de l’Etat et les assassinats de jeunes par des policiers toujours impunis, a soulevé une véritable indignation qui a renversé tous les obstacles.

Que des syndicats, des associations laïques comme la Libre Pensée, plein d’autres associations et organisations de différents types, des organisations politiques fusionnent dans une même action avec les Comités de quartier qui agissent contre l’impunité des forces de police dans les assassinats de jeunes, oui, c’est à proprement parlé « historique » et c’est porteur de grandes espérances et d’immenses potentialités.

Il faut que la journée du 23 septembre 2023 qui verra des dizaines de marches sur le thème « On reprend la rue », soit un véritable succès. Cela constituera un défi majeur à la politique macroniste qui veut interdire la liberté de manifestation et cela montrera la force qui est en train de s’organiser pour balayer ce vieux monde de misère et d’oppression.

La conscience qu’il s’agit de violences d’État et non plus de « bavures policières » se fait de plus en plus jour. La Libre Pensée a exprimé cela par la formule de violences policières d’État. Cette formulation n’a pas été encore complétement reprise dans l’Appel unitaire, mais cela avance et il y a une formulation très proche. De même que notre expression « Il y a deux camps : ceux qui tuent et ceux qui sont tués » a une certaine résonance.

La Libre Pensée a établi récemment dans un communiqué que la source de toutes ces menées factieuses d’impunité trouve leurs origines dans les régimes de Pinochet et de Franco. Macron n’a rien inventé. Les défenseurs des libertés démocratiques au Chili et en Espagne demandent d’ailleurs une profonde réforme des polices pour que la Justice passe et que les libertés soient préservées. Il en est de même dans l’Appel unitaire.

Bien évidement, pour des « révolutionnaires de salon » qui n’ont jamais rien fait et qui sont tout seuls, le problème de l’unité avec d’autres leur est inaccessible ; ils dissertent et trouvent toujours une virgule à critiquer. Leur seul souci est de trouver toujours quelque chose pour empêcher l’unité d’avancer. Ils répètent comme une litanie la formule de Lénine : « Un pas en avant des masses vaut mieux que cent programmes », mais ils font tout le contraire. Ils sont tout seuls et font tout pour le rester. Ils ont une démarche totalement religieuse : ils doivent avoir raison en prouvant que les autres ont tort. C’est le remake impuissant de Reagan et de Bush sur les forces du Bien contre les forces du Mal.

Mon camarade Christian Mahieux de Sud –Rail remarquait en analysant le récent mouvement contre la réforme des retraites : « Au soir de cette journée, le message des mêmes organisations interprofessionnelles nationales était très clair : « [l’intersyndicale] soutient et encourage tous les secteurs professionnels à poursuivre et amplifier le mouvement ». Contrairement à ce qui a pu se produire lors de mouvements similaires du dernier quart de siècle, cette fois-ci, l’intersyndicale n’est nullement un frein ; n’en déplaise à quelques commentateurs « radicaux » mais non-grévistes ou à quelques « révolutionnaires », dont le propre secteur ne brille pas le nombre de grévistes. »

En effet, il est plus facile de quémander auprès des appareils pour qu’ils appellent à la grève générale que de mettre son propre secteur professionnel en grève. C’est la paille et la poutre. Il en est de même pour ce gigantesque mouvement unitaire contre les violences policières de l’État, où les mêmes « radicaux », dont parlent Christian Mahieux, sont totalement absents. C’est comme au PMU, il y a Roquépine qui court dans la troisième et Léon Zitrone qui fait des commentaires. Il y a toujours plus, dans cette mouvance « révolutionnaire de salon » de Léon Zitrone qui commentent l’action des autres que de véritables militants qui agissent avec leur classe pour faire avancer les choses.

Mais la vie et la lutte des classes balayeront tout cela.

● Comment faire pour aider au renforcement de cette union qui n’a guère de précédent historique ?

CE : Il faut diffuser le plus largement possible cet Appel unitaire qui se conclut par :

« Nos organisations syndicales, associations, collectifs, comités de quartiers populaires, de victimes de violences policières et partis politiques se mobilisent ensemble dans la durée pour la convergence des justices antiraciste, sociale et écologique, féministes et pour que cessent les politiques sécuritaires et anti sociales.

La crise démocratique, sociale, politique que nous traversons est très grave.

Nous ne pouvons accepter qu’il y ait encore d’autres morts comme Nahel, ou d’autres blessé-es, victimes des violences policières.

Nous appelons à reprendre la rue samedi 23 septembre, à organiser des manifestations ou d’autres initiatives sur tout le territoire, pour faire front ensemble contre la répression des contestations sociales démocratiques et écologiques, pour la fin du racisme systémique, des violences policières, et pour la justice sociale climatique, féministe et les libertés publiques. »

La Libre Pensée, qui organise en septembre une campagne de réunions publiques, de meetings, de conférences à l’occasion de la Journée internationale de la Libre Pensée pour mettre à bas les Institutions de la Ve République et pour une Constituante élue, libre et souveraine, va faire du samedi 23 septembre 2023 le point d’orgue de sa mobilisation dans l’esprit le plus unitaire possible.

Ensemble, ne ratons pas cet évènement. Il est porteur de grandes choses.