Famille, Sexualité, Genres et la Libre Pensée
La Libre Pensée s’est toujours prononcé pour une totale liberté individuelle dans le respect des autres et pour l’Égalité des Droits. C’est pourquoi elle a soutenu la revendication du « Mariage pour tous ». Chacun doit être libre de déterminer, en dehors de toute idéologie d’État, religieuse ou communautaire, avec qui former une Union conjugale.
Aujourd’hui, la Libre Pensée entend aller plus loin. Elle ouvre un débat sur l’ensemble des questions liées à la sexualité, avec toutes ses implications. Elle soumet cette réflexion initiale à l’examen de celles et ceux que ces questions intéressent. Elle les appelle à leur envoyer des contributions pour alimenter sa réflexion et le débat.
Tout ceci pourrait déboucher, à terme, sur la confection d’un ouvrage publiant toutes ces contributions afin que chacun puisse se faire une opinion éclairée.
A vos plumes et à vos souris !
La Fédération nationale de la Libre Pensée
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Document de travail initial
Famille, Sexualité, Genres et la Libre Pensée
Le cadre général de l’analyse de la Libre Pensée et des Libres Penseurs est résumé par cette formule initiale : entre adultes consentants, et sans violence, tout est permis, et nous rajouterons avec un certain humour, en faisant cet emprunt à Saint-Paul : « Mais tout n’est (peut-être) pas profitable ».
Philosophiquement, les Libres Penseurs sont plutôt pour l’Union libre et l’Amour libre. Mais férocement individualiste, le Libre Penseur n’impose rien à personne et laisse libre chacun de faire comme bon lui semble. Nous ne sommes pas des directeurs de conscience.
Fondamentalement, les sociétés ont évolué et le poids des interdits religieux et de la morale qui en découle s’effondrent. On est passé ainsi, fort heureusement d‘une sexualité reproductive à une sexualité récréative.
Ce qui motive profondément l’action de la Libre Pensée est de mettre en œuvre les Principes (et non les valeurs) : « Liberté –Egalité – Fraternité » en les déclinant sur tous les plans.
● LIBERTÉ : Chacun doit être libre de vivre sa sexualité, son couple, son célibat, sa famille ou son absence de famille, de faire des enfants ou pas. Notre aspiration, c’est l’individu libre dans la société libre. Nul, et surtout pas l’État, n’a le droit d’imposer un modèle en ce domaine. C’est pourquoi, la Libre Pensée ne se reconnait dans aucune idéologie sexuelle d’État ou de communautarisme quel qu’il soit, ni dans aucun prosélytisme envahissant.
Chacun doit être libre « entre adultes consentants, et sans violence » de vivre sa sexualité et ses unions selon son désir. La Libre Pensée considère qu’elle n’a aucun droit à définir l’hétérosexualité, l’homosexualité, l’asexualité comme des normes à établir ou la forme des couples.
La Libre Pensée ne rentrera pas dans le débat sur le fait que le « genre » existe ou pas et que sa reconnaissance engendrerait des droits et/ou des devoirs ou des prohibitions. Partisan de la liberté individuelle, le Libre Penseur considère que l’essentiel est de faire droit à la façon dont une personne se ressent et se perçoit.
C’est ce qui l’amène, par exemple, sur un autre aspect différent, mais pas si éloigné que cela, à refuser que l’on force certaines personnes à manger quelque chose contre sa volonté, d’autant que cette violation de la liberté de conscience individuelle est plus que souvent menée pour des objectifs de xénophobie et de discrimination.
C’est ainsi que sur la question des vestiaires et des locaux sanitaires « genrés ou pas », elle considère que la solution égalitaire et économiquement satisfaisante serait la disparition de la séparation sexuée pour mettre en œuvre une mixité totale, avec toutes les conditions de sécurité et de tranquillité pour chacun : des locaux communs pour tous. Si les Collectivités publiques doivent créer, par exemple, des WC pour Hommes, pour Femmes, pour des Garçons qui se sentent filles, pour des Filles qui se sentent garçons, et des neutres qui ne sentent rien du tout et pour toutes les autres catégories possibles que l’on peut imaginer, cela devient une impossibilité matérielle et un gouffre financier si les surfaces disponibles le permettent.
Cette question pourrait apparaitre mineure, mais la récente circulaire Blanquer sur l’intégration des enfants transgenres dans l’École et sa validation par le Conseil d‘État pose ce problème sur la place publique.
● ÉGALITÉ : Aucune discrimination de quelque nature que ce soit n’est tolérable du fait de ses préférences sexuelles ou d‘absence de préférence ou de ressenti de « genre ». Par exemple, il faut élargir considérablement la disposition légale afin de pouvoir changer de nom. Si une telle disposition était mise en œuvre, cela réglerait la question des identités qui figurent sur les papiers du même nom. Chacun pourrait demander le nom et le ou les prénoms qu’il désire voir figurer et en changer si besoin. Actuellement la loi permet le changement de nom à partir de 18 ans et 16 ans en cas d’émancipation. Les articles 61-5 et 60 du Code civil permettent, sous certaines conditions de faire changer la mention du sexe et du prénom sur l’Etat-Civil.
Rappelons la tradition de la Révolution française, abrogée par la Convention thermidorienne. Babeuf écrivait : « Pourquoi donc la Convention a-t-elle voulu récemment nous forcer par un décret de conserver individuellement, nous, les noms fanatiques que le despotisme sacerdotal nous avait fait prendre sans notre consentement ? Pourquoi vouloir me forcer de conserver toujours saint Joseph pour mon patron et mon modèle ? Je ne veux point des vertus de ce brave homme-là ! Le décret rendu sous la législature par lequel il était permis de déclarer par un acte authentique qu’on ne voulait plus se nommer Roch ou Nicodème, mais qu’on préférait prendre pour patron, pour portrait à imiter, Brutus ou Agis ; ce décret était sage et moral. Celui qui vient de le supprimer est délirant et antirépublicain. … les Droits de l’Homme garantissent la liberté des opinions ».
Il faut obtenir une réelle égalité entre les Hommes et les Femmes étendues à tous ceux et toutes celles qui ne rentreraient pas stricto-sensu dans ces catégories prédéterminées et ce, sur tous les plans. Il faut en finir avec le Code civil napoléonien, et ses scories qui perdurent, qui faisait de la femme « une mineure pour ses biens, une majeure pour ses fautes » et stipulait que « la femme est donnée à l’homme pour qu’elle lui fasse des enfants ; elle est donc sa propriété comme l’arbre fruitier est celle du jardinier ».
C’est cette conception de l’Égalité qui a conduit la Libre Pensée à soutenir fermement la revendication et l’obtention du Mariage pour Tous. Au nom de quoi, faudrait-il interdire à deux êtres qui s‘aiment de s’unir par le Mariage, d’autant que celui-ci, dans notre société, a des conséquences protectrices qui n’existent pas vraiment en dehors, comme pour les pensions de réversion par exemple ?
C’est cette question du Mariage pour Tous qui a conduit la Libre Pensée à entamer une réflexion sur les sujets abordés dans ce texte afin d’ouvrir une discussion entre Libres Penseurs pour pouvoir déterminer de futures actions et prises de position si nécessaire avec d’autres groupements intéressés par ces problèmes.
● FRATERNITÉ : Il est indéniable que les homosexuels ont été durement réprimés et offensés depuis des siècles. Réparation leur est due, non seulement sur le plan moral, économique, social, mais aussi financier. Il faut poursuivre sur le plan législatif l’abrogation des discriminations et l’extension de nouveaux droits pour eux, s’ils en sont privés du fait de leur homosexualité.
Par exemple, la Libre Pensée s’est prononcée, dans un Congrès national après une longue discussion et élaboration, pour, non seulement la PMA pour Toutes, mais aussi pour la GPA pour toutes celles et tous ceux qui désiraient avoir un enfant. Le don du sang et d’organes sont faits dans notre pays de façon altruiste, la Libre Pensée revendique qu’il en soit de même pour la GPA, qu’elle soit remboursée par la Sécurité sociale et par des aides adéquates. Le « don d’enfants » par la GPA ne doit ouvrir aucun marché commercial et financier. La loi doit l’encadrer comme pour les autres dons de sang et d‘organes.
La question du Mariage
Chacun doit être libre de se marier ou pas et avec qui il veut. La loi prévoit la prédominance du caractère civil avant les convictions religieuses. Un mariage religieux, par la loi de 1905 de Séparation des Églises et de l’État, ne peut se faire qu’après le mariage civil. La loi commune est supérieure à la loi privée.
Un mariage est d’abord et avant tout un contrat économique, social, commercial entre deux individus. Il ouvre des droits et des devoirs. Surtout des droits pour les uns et des devoirs pour les autres. Ainsi, le fait qu’un divorce peut-être encore prononcé pour « non-accomplissement des devoirs conjugaux » (articles 215 et 242 du Code civil et confirmé par la Cour de Cassation en 2020) est une aberration anti-démocratique. C’est un type « légal » d’esclavage et de prostitution qui s’accompagne quelques fois par des viols dans l’intimité.
Rappelons que le mariage est devenu un « sacrement » qui s’est prolongé dans l’État civil par une volonté de fixer le cheptel des serfs sur le territoire du seigneur, car ils avaient tendance à partir quand ils le voulaient (voir « Le Chevalier, la Femme et le Prêtre » par Georges Duby). Le mariage légal et religieux a été conçu comme un boulet mis aux individus par des contraintes légales et économiques. C’est un contrat commercial qui entraine des contraintes et crée un droit de propriété sur des individus.
Le Mariage des prêtres
Si l’Église catholique a toujours, du moins jusqu’à présent, refusé le mariage des prêtres, ce n’est pas parce que Jésus n’était pas marié (on ne reviendra pas là sur Marie-Madeleine à l’aune du Da Vinci Code). Cet argument est pour la façade. Les véritables raisons sont autres. Issu du Judaïsme, le Christianisme devait se démarquer de sa matrice d’origine. Dans celui-ci, on était Juif parce que circoncis, ce qui était une abomination pour les Grecs et les Romains. Comme Paul « Apôtre des Gentils » (les Goys) cherchait à étendre sa religion aux Romains et à son élite dominante, il fit prohiber la circoncision pour attirer sa future clientèle. Le Nouveau-Testament montre des affrontements sévères sur cette question entre Pierre et Paul.
Notons que quand ses intérêts sont en jeu, le Vatican sait s’adapter pour étendre ou préserver son pré-carré. Les Églises catholiques de Rite Oriental, pour les phagocyter contre les Orthodoxes, autorisent le mariage des prêtres et le Vatican accepte que les Diacres (Synode sur l’Amazonie) puissent pratiquer des activités hier dévolues aux prêtres, alors qu’il l’interdit ailleurs. C’est toujours la Thèse et l’Hypothèse : « Les Juifs ont tué Jésus, Monseigneur Dupanloup dine chez monsieur de Rothschild ». Tout est affaire de circonstance.
À ce propos, la Libre Pensée condamne toutes les mutilations sexuelles imposées dès le plus jeune âge à des enfants sans consentement. La circoncision chez les enfants mâles (sauf pour des raisons médicales) est de même nature barbare que l’excision des petites filles africaines. L’alibi culturel et religieux est une véritable honte.
De même, par extension, la Libre Pensée s’oppose à tout baptême et délivrance d’un catéchisme (endoctrinement religieux) avant que la personne concernée ne soit en âge de comprendre. On connait les viols sexuels des enfants par les prêtres, l’Église catholique pratique aussi, par le baptême et le catéchisme, le viol des consciences des enfants. Baptiser un enfant à la naissance, c’est le marquer à vie (comme les cow-boys avec le fer rouge sur les vaches). L’Église porte le viol et la violence comme la nuée porte l’orage.
Le Judaïsme avait un clergé, les Lévites, qui était un clan ou une tribu. Les Lévites pouvaient se marier entre eux et avoir une progéniture. Le Clergé Juif se reproduisait par le Clergé Juif, le milieu reproduisait le milieu. Les autres tribus ou clans ne pouvaient accéder à cette sorte de prêtrise que constituaient les Rabbins.
L’Église chrétienne voulait faire du prosélytisme (contrairement aux Israélites qui étaient le « Peuple élu », donc nul besoin de convertir et de recruter, on en faisait partie ou pas, ce n’est pas l’individu qui décidait). L’Église s’ouvrait au monde et le système lévite était un obstacle à cela. Il fallait que tout le monde puisse devenir prêtre. Il ne fallait donc pas que le Clergé chrétien puisse se reproduire par lui-même et en lui-même. D’un certain point de vue, l’Église, par cette conception d’ouverture de la prêtrise à tous, était devenu un « ascenseur social », tous sont appelés, tous peuvent être élus.
D’autant plus que la prêtrise était une sorte de permanentariat à la charge de l’Église, avoir une femme et des enfants aurait grevé le budget ecclésiastique plus lourdement pour leur assurer le quotidien, les soins, la nourriture, etc. Et cela aurait aussi entrainé une conséquence difficile : les querelles d’héritages entre descendants des prêtres mariés, alors que l’Église avait constitué tout un système de captage des héritages par les dons et legs qui garantissaient une place au Paradis. Le mariage des prêtres, et inévitablement les enfants qui s’en suivraient, diminuaient ainsi par les deux bouts les finances de l’Église (entretien et perte d’héritage).
Cette question rebondit aujourd’hui et provoque une crise profonde dans l’Église. Le Pape François a produit une déclaration « Fiducia Supplicans » qui autorise la bénédiction (et pas encore le mariage) de couples du même sexe. Le Schisme est là qui couve. L’une des solutions « pour calmer le jeu » et essayer d’éviter l’inévitable serait que chaque Clergé national catholique fasse comme il veut sur cette question. Mais si c’est le menu à la carte, contre le plat du jour, c’est l’accélération vers des Églises nationales et non-plus ultramontaines. C’est la dislocation de l’Appareil du Vatican et la marche accélérée à la « Protestantisation » du Catholicisme. Or, celui-ci se résume à l’existence de son clergé, seul intercesseur entre le croyant et la Divinité. Plus de Clergé, plus d‘Église catholique. C’est ce qui explique la violence interne que déchaine cette Déclaration papale. Notons aussi la profonde hypocrisie du Vatican, il ne bénit pas les couples homosexuels, mais chacun des membres du couple.
La question de l’adoption d’enfants est aussi importante pour l’Église. On sait que c’est une véritable tradition chez les Romains, les Empereurs désignaient ainsi parfois leurs successeurs en adoptant qui ils voulaient, sans qu’ils soient obligatoirement de sang impérial. Tu quoque mi fili ! Brutus n’était pas l’enfant biologique de César.
L’Église était en guerre ouverte avec ce système qui nuisait à la captation d’héritages. Pendant quinze siècles après la Chute de l’Empire romain, elle réussit à l’interdire de fait. Il faudra attendre, par exemple, 1892 pour que réapparaisse en France une Jurisprudence à ce sujet. En Angleterre, la première loi sur l’adoption date de 1926. Le nombre de couples sans enfants ne pouvant léguer ses biens, faute de progéniture, augmentait ainsi les possibilités de legs pour l’Église. Rappelons que les biens de mainmorte (dont une partie pouvait revenir au Clergé par dotation seigneuriale) représentaient au moment de la Révolution française, un tiers des propriétés et des biens.
Notons quand même que l’Église catholique était contre l’adoption volontaire, mais qu’elle ne se gênait pas en France (Affaire Finaly), Belgique (affaire récente sur les enfants vendus), au Chili sous Pinochet et en Espagne sous Franco pour voler des enfants et les faire adopter sans aucun consentement de la famille d‘origine.
Inceste
Il y a aussi la question de l’inceste très répandu chez les Égyptiens, les Juifs, les Grecs et les Romains. Sa prohibition, outre les questions morales, était une revendication de l’Église aussi. C’est elle, par les tribunaux ecclésiastiques, qui autorisait les mariages entre parents très proches et les remariages après les séparations de couples. C’était là une source de revenus importante, car l’Église ne fait jamais rien pour rien.
Le fond de la question de l’inceste (outre les éventuels aspects moraux qui peuvent être soulevés) est au fond une question économique. En le pratiquant, on ne divisait pas la propriété, tout restait dans la famille. Les Juifs l’ont beaucoup pratiqué dans l’Antiquité, du fait de la rareté de la terre dans une région désertique. Les Rothschild continuent à le pratiquer pour les mêmes raisons économiques : ne pas disperser le Capital. Il fallait garder le peu qu’ils avaient (et beaucoup pour les Rothschild encore aujourd’hui) ou le disperser par l‘exogamie. C’est pourquoi la religion Juive est profondément endogamique (on reste dans le « Peuple élu », on ne fait pas de prosélytisme de recrutement) au contraire du caractère exogamique des autres religions monothéistes.
Il ne faut cependant pas confondre inceste et endogamie, même s’il peut y avoir un certain rapport comme nous l’avons vu plus haut. Certaines cultures endogamiques acceptent l’inceste et d‘autres le refusent il en est de même dans les sociétés exogamiques.
Il est à noter qu’il faut distinguer (sur le fond et dans l’Histoire) l’inceste entre Parents et Enfants et entre enfants (Frères et Sœurs). Si le premier a été très souvent globalement prohibé par les différentes cultures, civilisations et religions, le second a été pratiqué très souvent dans les mêmes lieux.
Il y a un lien certain entre la querelle iconoclaste (de 726 à 843, les Empereurs byzantins iconoclastes interdisent le culte des icônes et ordonnent la destruction systématique des images représentant le Christ ou les saints) et l’inceste. La hargne des destructeurs d’images était aussi liée à la volonté d’effacer toute évocation de l’inceste. Dans la représentation de La Madone de la Rose du Parmesan, on voit que le sexe de l’Enfant-Jésus est modelé avec délicatesse et il est placé juste en face dans le prolongement de celui de la Vierge-Marie.
Dans le Moyen-Âge, les représentations de la « chambre nuptiale céleste » montrent que Marie est « la Mère et l’Épouse du Christ ». On sait aussi que le rapprochement souvent induit entre Marie et Marie-Madeleine n’est pas dû au hasard, se confondant souvent dans une seule et même personne. Et on sait que la « Sainte-Famille » (Joseph, Marie et Jésus) a toujours été présentée dans les encycliques papales et encore aujourd’hui, comme le modèle de famille pour tous les chrétiens.
On sait aussi que Martin Luther, dans sa critique virulente contre la Papauté et les Indulgences, a déclenché une gigantesque vague iconoclastique de destruction de toutes les représentations divines, rejoignant encore une fois le Judaïsme dans sa forme la plus dogmatique. Il faisait effacer ainsi toutes les traces de l’Inceste divin dans une sorte de « normalisation » religieuse. La Vierge-Marie n’a jamais été dans les petits papiers de Martin Luther. Il concédait, à peine, qu’elle fut vierge au moment de la conception de Jésus, mais pas plus.
La question de la pédophilie et de la pédocriminalité
Il faut aborder cette question sous différents angles. On doit, ici aussi, appliquer la formulation « entre personne consentantes et sans violence », avec la difficulté majeure de fixer quand même une limite d’âge. Rappelons que la loi du 21 avril 2021 visant à « protéger les mineurs des crimes et délits sexuels » a pour effet qu’aucun adulte ne peut se prévaloir du consentement sexuel d’un enfant, s’il a moins de 15 ans, ou moins de 18 ans en cas d’inceste.
La question est semble-t-il : Peut-on accepter une relation d’amour entre un adulte et un mineur ? Il n’est pas inconcevable que cela puisse exister dans une certaine « normalité » qui exclut tout abus d’autorité et perversion sexuelle.
Il y aurait lieu, dans la définition de « mineur » de distinguer exactement entre « adolescence » et « enfance ». On ne saurait, à notre avis, accepter qu’un enfant puisse avoir une relation sexuelle avec un adulte.
Y-a-t-il lieu de distinguer Adulte/Adolescent et Adolescent/Adolescent ? Juridiquement oui, incontestablement, mais du point de vue éthique et philosophique ?
Qu’est-ce qu’un « enfant » et qu’est-ce qu’un « adolescent » ? À quel âge fixer la frontière pour déterminer la limite pour avoir un rapport sexuel ? La majorité sexuelle est fixée à 15 ans en France. Au nom de la « lutte » contre la pédophilie, « l’Ordre Moral » vise à modifier cet âge en l’élevant, ce qui pose un problème de liberté sexuelle. On voit bien la difficulté qui se traduit sur le plan législatif par des changements fréquents. Nous sommes nombreux à avoir été bouleversé par l’Affaire Gabrielle Russier.
Comment les Grecs dans l’Antiquité envisageaient les choses ? En lisant le Banquet de Platon, qui est essentiellement un discours flatteur de séduction d’Alcibiade envers Socrate, on s’aperçoit que la perception de la sexualité chez les Grecs est tout à fait différente chez les Juifs et surtout chez les Chrétiens.
Dans l’Athènes archaïque et classique, la sexualité avait, par l’intermédiaire de la paiderastia, partie liée à l’éducation. C’est bien plus compliqué qu’une simple homosexualité entre adultes. Celle-ci est d’ailleurs réprouvée fortement. Il s’agit en fait, par la sexualité, de la domination et de la transmission d’un savoir d’un « ainé » (un erastés) sur un mineur en formation (un païs), mais pas un « enfant », ce n’est pas non plus de la pédophilie pure. C’est entre la puberté et l’âge adulte, et dès que les signes extérieurs de l’« adultérité » apparaissent (notamment la pilosité), que la relation est déterminée. La pénétration sexuelle n’est symboliquement qu’une transmission, le vase du savoir qui remplit le vase de l’ignorance.
L’érômenos (paÿs) devait séduire l’erastés par sa force, sa vitesse, son endurance et son courage. À Sparte, si le prétendant n’avait pas toutes ces qualités, la honte retombait sur l’adulte. Xénophon, quant à lui, prônait une relation chaste entre les deux. Pour les Grecs, il n’y avait aucune honte à devenir esclave de l’adulte si on devenait meilleur. C’est un peu la Servitude volontaire de La Boétie. Mais si l’adulte n’a pas la vertu requise, c’est une duperie honteuse.
C’est donc chez les Grecs, l’apparition de la puberté qui est la frontière. Mais elle ne commence et se réalise sans doute pas de la même manière pour tous les adolescents. Il y a une réelle difficulté, on le voit bien dans le domaine législatif, à fixer un âge limité pour les relations sexuelles. C’est pourquoi de manière générique, nous parlons de la fracture Enfance/Adolescence avec une véritable maturité consciente pour permettre un réel libre arbitre de consentement.
Dans la même veine, c’est ce qui s’est passé après 1968 où certains, prônant la libération sexuelle, on initie des enfants à l’amour pour les libérer des tabous. D’où les affaires qui ressortent maintenant.
Faut-il distinguer dans la « pédophilie » les dimensions hétérosexuelles et homosexuelles ? Mais si on fait cela, on remet en cause la notion d’Égalité entre les différentes sexualités possibles, ce que refuse la Libre Pensée pour les adultes.
Une relation entre un « adulte » et un « mineur », avant la puberté, nous semble devoir être totalement prohibée et condamnée.
Il faut bien sûr écarter de tous ces raisonnements deux choses. D’abord, les vastes réseaux de pédopornographie criminelle et commerciale. Il y a là une véritable source de revenus financiers basée sur l’exploitation sexuelle des enfants et de leurs images, alimentant tous les fantasmes pervers et déviants, ce qui est une abomination en soi.
Il faut aussi écarter de ce débat les crimes de violences sexuelles dans des dimensions pédophiles ou adultes. Nous pensons bien sûr aux victimes des crimes du Clergé catholique (entre autres, car majoritaire dans cette catégorie) contre des enfants, des religieuses, voire des séminaristes. Ce sont toute personne subissant une pression hiérarchique et autoritaire et ne pouvant utiliser son libre arbitre, car étant dans une situation subie de domination, dans une pratique sexuelle de domination non consentie, contrainte et forcée.
Ce sont des crimes et ils doivent être traités comme tels et inclure la nécessaire réparation pour les victimes, réparations financées par l’Institution qui a permis par son organisation, son laxisme et son omerta permanente, ces et ses crimes sexuels.
La Libre Pensée renvoie à toute son action pour que Justice soit rendue (sur tous les plans) à toutes les victimes de l’Institution ecclésiastique.
Genre et Transidentité
Le féminisme nous a habitué à distinguer « sexe » qui est une donnée biologique et « genre » qui serait une construction sociale. Il y a des personnes qui ne se « sentent » pas dans leur sexe biologique et qui aspirent physiquement à en changer.
On en vient maintenant à ne plus limiter le nombre de genres, on est ainsi passé de LGTB, puis à LGBTQUIAA+ à LGBTTIQQ2SAAP, cela n’a plus aucune limite. Peut-il avoir une série sans fin de genres ?
André Comte-Sponville dans une conférence pour l’Institut Diderot de Claude Habib, universitaire spécialiste de ces questions, s’interroge : « Est-il raisonnable, est-il même acceptable, que chacun puisse décider à tout moment de son identité de genre (ce que l’on appelle « la self-ID »), y compris sans aucun traitement hormonal ou chirurgical et prétende imposer à tous l’obligation de la reconnaitre ? »
« Est-il supportable qu’un homme violeur soit, sous prétexte qu’il aurait entamé sa transition, incarcéré dans une prison de femmes (le cas malheureusement ne relève pas de la fiction) ? Ou qu’un homme non-opéré (ou opéré trop tardivement pour que son corps ne reste pas structurellement masculin) participe, parce qu’il se sent ou se dit femme, à des compétitions sportives féminismes ? N’est-ce pas manquer à la fois à la prudence, à l’équité et au bon sens ? »
Et André Comte-Sponville de s’interroger sur le fait qu’effacer la notion de « sexe » revient à délégitimer l’homosexualité et les droits qui peuvent s‘y rattacher. Et de poser aussi une question centrale : quand il y a dysphorie que l’esprit et le corps ne correspondent pas, cela veut dire que c’est le corps qui a obligatoirement tort et pas l’esprit. On peut changer les corps, mais si on change les esprits, on devient un totalitaire. Et d’en conclure que la volonté d’émancipation peut devenir folle. Caroline Eliacheff et Céline Masson dans leur ouvrage citent une étude de Lisa Littman, chercheuse nord-américain qui indique clairement le poids des réseaux sociaux dans ce type de demande.
Faisons un petit détour biblique. Eve serait née d’une côte d’Adam, la femme n’en serait donc qu’une partie, subordonnée à l’homme, ce qui expliquerait qu’elle est inférieure à l’homme. Or, André Chouraqui, parmi d’autres, a montré que cela était une mauvaise traduction et qu’il fallait lire « d’un côté d’Adam ». À l’origine serait donc l’Androgynie, (qui est aussi très présente dans l’Antiquité), ce qui n’entrainerait aucune infériorité d’Eve et de sa descendance. Comme quoi, la formule « traduire, c’est trahir » remonte à loin et que cela peut avoir de lourdes conséquences.
Les Hommes sont dotés de gamètes et de spermatozoïdes, source inépuisable, alors que les femmes ont un stock limité de gamètes et d’ovules. Il n’y a pas trois sortes de gamètes, mais deux. Dès lors, une question survient, faut-il dépasser la nature en la modifiant ?
La question des enfants transitionnels
Il y a une question qui se pose aussi : faut-il alors, dès qu’un enfant veut changer de sexe lui accorder, par des opérations médicales lourdes et des traitements (qu’il devra suivre, pour l’instant des connaissances médicales, toute sa vie) et qui peuvent être irréversibles par nature ?
Le GIDS (Gender Identity Development Service) un think-tank qui a une certaine influence, conseille même d’abaisser à 10 ans (au lieu de 15) l’âge des enfants pour entamer la médication hormonale.
Au début des travaux sur les questions de transition, la majorité était des garçons, aujourd’hui ce n’est plus le cas. Les filles représentent 70% des demandes de transition. Des chercheurs et analystes s’interrogent : cette volonté majoritaire n’est-elle pas le produit du refus d’être femme avec tous les dangers inhérents : violences, viols, agressions, statuts inférieurs dans la société. Cette demande marquerait donc un échappatoire social et non plus biologique. La question mérite au moins d’être étudiée, car on ne serait plus dans le cas d’une dystrophie psycho-biologique, mais dans un refus d’une position sociale inférieure.
Les traitements hormonaux sur les enfants et leur puberté, pour bloquer leur évolution biologique, sont très lourds et ont des conséquences sur leur vie future. Selon Jazz Jenning qui a réalisé plus de 2 000 vaginoplasties : « Aucun enfant qui a été bloqué au stade II de Tanner n’a jamais eu l’expérience de l’orgasme ». On constate aussi des pertes régulières de la densité osseuse et entraine aussi la stérilité, même en cas de préservation des organes génitaux. Les risques d’AVC sont évalués à 9,90 plus élevés que dans une population de type « standard ».
Autre fait découvert par les chercheurs, 35% des enfants qui demandent une transition sont dans le spectre de l’autisme, alors que le taux d’autistes dans la population est de 2%.
Une autre spécialiste, Caroline Eliacheff, indique que 80% des enfants qui ont voulu changer de sexe à un moment donné de leur enfance se réconcilient avec leur sexe biologique, la plupart du temps pour devenir homosexuels. En règle générale (mais toute règle a ses exceptions), il y a peu de demandes de transition tardive à l’âge adulte.
On estime à 20% les demandes de dé-transition et d‘interruption des traitements.
Comment ne pas conclure qu’il faudrait autoriser et pratiquer les transitions que lorsque la personne demanderesse a atteint un véritable degré de discernement (consentement éclairé) et qu’il soit à un certain âge « adulte » ? Dans un récit d’une jeune fille ayant subi une transition et le regrettant, elle concluait : « J’étais une fille malheureuse qui avait besoin d‘aide. Au lieu de ça, j’ai été traité comme une expérience ».
Faut-il fixer à vie la volonté d‘un moment comme on fixe un papillon sous un sous-verre « ad vitam », selon l’expression de Claude Habib ? Il y a aussi les Trans-espèces (Othrkins ou Therians), ce sont des personnes qui se sentent un animal dans un corps humain. Il y a même eu un cas d‘une personne qui se sentait un nuage dans un corps humain.
Sur le Féminicide et les violences faites aux femmes
Il est incontestable qu’il faille traiter ce problème d’importance, car il a un rapport avec les sujets traités dans cette étude. On ne peut se contenter de dire avec un haussement d’épaule, comme une excuse : il y a aussi des hommes battus et tués, un peu comme pour un match nul. La question des femmes et des violences et assassinats commis contre elles est une question sociale d’ampleur, donc démocratique.
Elle renvoie à la place de celles-ci dans la société et dans les couples. Friedrich Engels, à une époque où l’oppression des capitalistes sur les ouvriers était d’une violence extrême, écrivait que la Femme était la « Prolétaire du couple ». Cela renvoie à beaucoup de choses.
L’oppression de la Femme étant multimillénaire et que cela n’a pas beaucoup évolué positivement au fils des siècles. La balance étant largement du côté des « mâles oppresseurs », il n’est pas anormal que le Féminisme (dans différentes acceptions) et des mouvements comme Me-Too aient pris cette forme assez agressive et violente. Il faut que cela aille jusqu’à son terme, même s’il y a des dégâts collatéraux indéniables et parfois assez choquants. On frise parfois la caricature, comme disait André Comte-Sponville : « la volonté d’émancipation peut devenir folle ».
Nécessairement, c’est quasiment une loi physique, le balancier va toujours trop loin, avant de revenir au milieu dans une sorte d’équilibre. C’est ce qui arrivera nécessairement avec ces problèmes. Quand ? Nul ne saurait le prédire.
Il faut tirer de ce moment exceptionnel des modifications du Droit et prévoir des condamnations et des réparations à la hauteur de ces crimes. Le fait qu’un assassinat ou meurtre soit commis contre une Femme du fait de sa condition de Femme doit être sévèrement puni. Dans ce cas, ce n‘est pas un « simple » assassinat (on nous pardonnera cette formule un peu hasardeuse), il y a une spécificité qu’il faut traiter, c’est indéniable. Une action pédagogique, à tous les niveaux, doit être mise en œuvre pour faire comprendre le caractère intolérable de tels actes.
Mais soyons lucides, le fait que ce soit un gouvernement composé et soutenu par un certain nombre de personnes accusées (à tort ou à raison) de violences, de viols, d’harcèlements sexuels et d‘actes quelques peu répréhensibles ne facilite pas cela et est quelque peu et quelque part considérablement ressenti comme parfaitement hypocrite. C’est de la même veine que la position traditionnelle de l’Église catholique : « Que ta main droite ignore ce que fait ta main gauche ».
C’est le « en même temps » d’Emmanuel Macron : il somme les Associations et Syndicats à être scrupuleux (au-delà des lois) sur la Laïcité et il la viole tous les jours. C’est la version profane de la formule de l’Église traduite par : « Faite ce que je dis, pas ce que je fais ».
• Ce document est un document de travail et de recherche. Il a pour but d’engager une réflexion au sein de la Libre Pensée sur l’ensemble de ces questions pour aboutir éventuellement à des prises de positions de notre association.
Christian Eyschen
(Avec l’aide de Philippe Besson, Christophe Bitaud,
Michel Godicheau, Dominique Goussot, Sylvie Midavaine, Jean-Marc Raynaud,
Benoît Schneckenburger, Jean-Marc Schiappa, Claude Singer)
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