Arguments pour un débat rationnel sur l’Islam

Pour nous suivre

Une étrange folie s’est emparée d’une partie de la société. Dès qu’il est question des musulmans et de l’Islam, l’irrationnel revient au galop. On assiste aux scènes les plus ridicules, à l’audition de propos scandaleusement xénophobes, à des arguments colonialistes de la plus belle eau.

Des associations prétendument « laïques », des organisations d’extrême-droite, aux médias en mal de sensationnel, à des « journalistes » en mal de tribunes et de copies ; il est distillé les éléments de langage de guerre civile contre une partie de nos concitoyens. Le présupposé « musulman » est devenu le chien galeux, le métèque, l’étranger, le « juif » d’hier.

On proclame comme une vérité d’Evangile (c’est le cas de le dire) qu’il est incompatible avec notre « belle » civilisation qui s’est illustrée par tant de choses glorieuses, dont les cimetières du monde entier sont pleins. Pour un peu, et c’est souvent sous-entendu, on reviendrait aux odes de la « mission civilisatrice » de l’Occident chrétien.

Alliant xénophobes antimusulmans (comme au bon vieux temps de la Coloniale), prébendiers malchanceux, sicaires en mal d’aventures sans lendemain ; ce conglomérat crie et tire à hue et à dia pour lapider une partie de la population qui les dérange dans leurs certitudes et catéchismes autoproclamés.

Le « musulman », ou supposé tel, doit être contrôlé, réprimé, embastillé, et si possible refoulé « chez lui », c’est-à-dire loin de « chez nous ». Quand on peut et qu’il y a des profits économiques à en tirer, on le bombarde, on détruit sa maison, on le contraint à l’exil pour survivre.  Il est forcément coupable du terrorisme, du chômage, des violences, de la misère, etc… Le discours xénophobe coule à flot des bénitiers. Et l’encens est répandu à foison pour cacher l’odeur des ratonnades qui n’osent pas dire leur vrai nom.

Une nouvelle Inquisition qui sent bon les procès staliniens

La pensée unique aux ordres étend son emprise partout. On fait de tout à partir de rien et on alimente ainsi « la pompe à sottises » qui crache son venin à l’encan. Je prendrai trois exemples récents qui montrent où l’imbécilité réactionnaire peut se laisser aller.

Premier exemple, se tient, avec la bénédiction de Manuel Valls, dont le peuple souverain  a plus qu’amputé les ambitions et peut-être bientôt débarrassé le pays pour de bon,  un colloque comme il s’en tient tant à l’Assemblée nationale, en novembre 2016 sur le thème « Faux amis de la laïcité et idiots utiles ». La thématique en est simple : tous ceux qui ne disent pas « dehors les musulmans » ou plus policé : « les musulmans portent le terrorisme comme la nuée porte l’orage » doivent être dénoncés comme des complices du terrorisme islamiste. En clair, ils ont aussi du sang sur les mains.

C’est à qui hurlera le plus fort. Comment ne pas penser à Pierre Desproges qui dénonçait les « intellectuels » qui protestaient d’autant plus fortement contre Pinochet qu’ils étaient à 10 000 kilomètres de Santiago. On dénonce « le fascisme vert », mais comme on n’est pas en Lybie, ni en Irak, encore moins en Syrie, on ne risque pas grand-chose. Et puis, cela fait « genre ». Autant dire qu’il n’était pas bon d’être palestinien à ce colloque.

Comme cela commençait quand même à se voir un peu, Manuel Valls y envoie alors le « Délégué interministériel à la lutte contre le racisme et l’antisémitisme » qui a dû se demander ce qu’il faisait dans cette galère, à moins que l’ironie de la situation lui ait échappée.

Au passage, nos preux Croisés reprennent à foison l’antienne des fascistes (des vrais pour le coup) sur une fameuse citation de Lénine sur  « les idiots utiles », souvent citée, jamais prouvée. Calomniez, calomniez, il en restera toujours quelque chose.

Pour ce faire, on ne regarde pas à la dépense, ni à la qualité. On y fait venir un journaliste « de gauche », très couru à l’époque (beaucoup moins maintenant depuis qu’on s’est aperçu qu’il était une des plumes de François Fillon, le très catholique homophobe) sur les plateaux de télévision. Qu’importe, en effet, qu’il ait pu présider un « prix de la laïcité ». Tout était frelaté dans l’affaire : et la « laïcité » et le « gauchisme » du journaliste.

Deuxième exemple, toujours les mêmes avec toujours le renfort de l’extrême-droite, mais pas que… Les 18 et 19 mai 2017, se tient à Bonneuil-sur-Marne, un colloque sur « l’intersectionnalité » dans la tradition de la libre recherche universitaire, garantie par les Franchises du même nom. On peut en penser ce que l’on veut, mais pourquoi les mêmes fous furieux entendaient interdire ce débat ?

L’organisateur posait des questions qu’il ne fallait pas, car cela n’entrait pas dans ce qui était permis par les nouveaux Inquisiteurs. « Donnez-moi une phrase de quelqu’un et je me charge de le faire pendre » disait avec délectation le procureur Vychinski aux procès staliniens de 1937. La pensée unique allait se déverser à gros flots sur internet. Pour le coup, des « crétins inutiles du néo-colonialisme » allaient rejoindre la partie. L’Orient, qu’il soit grand, moyen  ou petit, rejoint parfois l’Occident (chrétien, bien sûr) qui est toujours « grand et impérial ».

Le sociologue Eric Fassin a dénoncé, à juste titre, une atteinte aux libertés universitaires : « Ce qui fait peur aujourd’hui, du moins ce qui devrait faire peur, car c’est cela qui menace véritablement les «valeurs laïques et républicaines», ce n’est pas, ce ne devrait pas être que des chercheurs ne se contentent pas de répéter le sens commun ou de valider le discours dominant; ce n’est pas non plus que des enseignants soient exposés à un discours critique qui interroge le catéchisme d’État. Ce qui est terrifiant, c’est que, dans une France censément démocratique, des institutions publiques, ici ou ailleurs, y compris dans ma propre université, puissent être tentées par la censure dans l’espoir d’apaiser les censeurs. »….

Il poursuit : « La question n’est pas d’être «pour ou contre l’intersectionnalité»; on n’est pas «pour ou contre» un champ de recherches. Et l’enjeu, ce ne sont pas simplement les études de genre, qui nous engagent à dépasser les invocations incantatoires de l’égalité entre hommes et femmes pour travailler à défaire le genre qui organise les inégalités réelles ; ni uniquement les travaux sur une racialisation qui mine notre société en assignant des citoyens supposés égaux à des places hiérarchisées en fonction de leur origine, de leur apparence ou de leur religion. Quoi qu’on pense de l’intersectionnalité, l’enjeu pour nous toutes et tous, c’est: «pour ou contre les libertés universitaires», soit un principe démocratique – comme viennent de le rappeler avant moi Olivier Montagne, président de l’UPEC, dont je salue la présence et le discours, et Loïc Vandelorge, directeur du laboratoire Analyse comparée des pouvoirs, dont le soutien a été constant. » Nouvel Observateur du 22 mai 2017)

Pour le coup, le coup n’a pas porté, et le colloque a été maintenu. L’Inquisition n’est plus ce qu’elle était…

Troisième exemple, non moins édifiant. Marlène Schiappa est nommée Secrétaire d’Etat à l’égalité Hommes/Femmes. Elle a surtout le tort de porter le nom de son père qui est libre penseur. Dans une interview ancienne, elle se déclarait opposée (comme la Libre Pensée et bien d‘autres associations véritablement laïques) à l’interdiction de sorties scolaires pour des femmes qui seraient voilées. Il n’en fallait pas plus pour que les nouveaux chiens de garde se déchainent contre elle, en espérant qu’à la faveur du remaniement ministériel, elle passerait à la trappe après l’intense et odieuse campagne médiatique menée contre elle. Là aussi, pas de chance… Sale temps pour les mouches décidément.

On peut penser ce que l’on veut des propos d’hier, d’aujourd’hui et de demain de Marlène Schiappa, mais il est inadmissible et proprement scandaleux qu’on assiste à un tel déchainement qui rappelle (sans les conséquences dramatiques, fort heureusement) la campagne contre Roger Salengro avant-guerre, car il déplaisait, lui aussi, à l’extrême-droite et à ses complices de droite comme de gauche. Dans l’affaire de la jeune Secrétaire d’Etat, on lui a prêté de nombreuses appartenances, les plus farfelues les unes que les autres. Tout ce qui roule n’amasse pas mousse.

La Fédération nationale de la Libre Pensée a tenu à l’assurer de son indignation contre cette délation médiatique  et de sa pleine et entière solidarité dans cette affaire.

Jupiter rend fous ceux qu’il veut perdre

Ce qui est commun à ces trois exemples, c’est que ce sont toujours les musulmans qui sont visés directement et qui servent de prétexte à des campagnes médiatiques insensées. Le voile a véritablement obscurci le cerveau de beaucoup. Il serait temps pour beaucoup de revenir à la Raison.

Afin de démêler le vrai du faux, de tenter d’avoir une approche rationnelle, de ne pas céder aux nouveaux chiens de garde, la Libre Pensée a décidé de publier ce nouveau numéro de la Collection Arguments afin de permettre le débat.

A vous de lire.

Christian Eyschen, vice-président de la Libre Pensée

 

 

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