La Raison N° 689 – mars 2024

Pour nous suivre

Editorial

Varia

Je suis – ce qui n’est pas obligatoire dans la Libre Pensée – un athée aguerri. Rationaliste étroit, diront certains, cartésien, oui, sans honte, surtout lorsqu’on se donne la peine de lire le discours de la méthode jusqu’au bout. Il y a donc longtemps que je me ris de toutes les « preuves » de l’existence de Dieu. Mais notre camarade Georges Douspis nous propose dans ce numéro les vraies preuves que Dieu existe… au moins pour certains. Il m’a presque convaincu, lisez-donc son article (page 27), vous ne le regretterez pas quel que soit votre position philosophique sur cette nébuleuse entité.

Chaque numéro de La Raison comporte des articles thématiques d’ordre culturel, philosophiques ou scientifique. Celui de mars nous offre un contenu plutôt riche à ce titre.

La rubrique philosophique nous entretient de Lucien Sève, un philosophe marxiste non dogmatique auteur de nombreux ouvrages d’un grand intérêt. Pour ma part, j’ai fait mon bénéfice de l’ouvrage collectif publié sous sa direction et intitulé Sciences et dialectiques de la nature et de Une introduction à la philosophie marxiste. Dans le premier de ces ouvrages notons que le mot dialectique, à mes yeux précieux, est exprimé au pluriel, ce qui est en soi une marque d’ouverture et une utile précaution philosophique. Membre du Parti Communiste Français, il a poursuivi sa route intellectuelle avec rigueur et indépendance. C’est ici Bastien Castillo, professeur de philosophie qui dissèque l’apport de Sève à la difficile notion d’Aliénation et à son devenir chez Marx.

En littérature, voilà Jules Vallès. Figure incontournable de la Commune et immense écrivain. Nicole Aurigny nous invite à relire sa magnifique trilogie : L’enfant, Le bachelier et l’insurgé. Je me rends compte de les avoir lus trop jeune. Quoique passionné par cette lecture bien des connaissances me manquaient pour en apprécier toute la force. Nicole Aurigny nous rappelle qu’à sa mort il fut injurié par les critiques bourgeois (en art aussi les classes se reconnaissent) et célébré par Eugène Pottier dans La Commune n’est pas morte.

En arts, nous retrouvons un communard célèbre, Gustave Courbet à travers une exposition consacrée à Jacques Lacan, avec son célèbre tableau l’Origine du monde, ainsi que le portrait d’une artiste singulière et attachante : Marie Morel. De quoi inciter nos lecteurs à voir l’exposition et à en savoir plus.

Notre rubrique cinéma traite d’un thème original : ce que l’on peut appeler le minimalisme cinématographique. L’auteur, Alain Vauchelle, nous emmène à la suite de Wim Wenders, Jim Jarmush et Chantal Akerman sous le titre évocateur Le moins possible. J’avoue que je m’attendais à y trouver Yasujirō Ozu. Ce sera sans doute pour une prochaine fois. Son article fait du bien dans un monde de blockbusters bruyants où il en faut plus, plus, toujours plus !

Et l’histoire ? Alain Veysset nous entretient de la multiple fabrication des multiples légendes entourant Jeanne d’Arc, au total sans doute une immense supercherie couronnée de succès, et un dossier copieux sur l’histoire toujours mal connue du Bund (Union générale des travailleurs juifs de Lituanie, de Pologne et de Russie). Une histoire ouvrière, antagoniste au sionisme toujours mis en avant dès que l’on parle de populations de tradition juive. À méditer.

Les élections européennes se profilent à l’horizon. C’est pour nous l’occasion de revenir – chose complexe – sur la nature et l’histoire de l’Union Européenne. La Libre Pensée, qui a toujours été opposée à cette union antidémocratique et d’inspiration cléricale – nous l’avons souvent désignée comme l’ « Europe Vaticane » – publie dans nos pages 8 à 13 une analyse détaillée de son origine et de ses institutions. Un Conseil Européen associé à une Commission Européenne détenteurs en fait de tous les pouvoirs. Un parlement dont les décisions n’ont aucune souveraineté. Un principe de subsidiarité issu de la Doctrine sociale de l’Église qui confine les parties à un rôle d’exécutant.

Quelle que soit la décision de chacun de participer ou non au vote pour les députés européens, il est utile de le rappeler, de le démontrer, de le démonter. La colère qui monte ces derniers jours dans le monde rural n’est pas sans rapport avec l’oppression exercée par l’Union Européenne sur les agriculteurs et sur les travailleurs du continent.

Je vous souhaite bonne lecture.

Jean-Sébastien Pierre, Président de la Libre Pensée

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